ARMEE-JAPON

ARMEE-JAPON

HISTORIQUE


REFUT DE SOLDATS JAPONAIS À LA REDDITION

Les stragglers est le mot anglais servant à désigner les soldats japonais de la Guerre du Pacifique qui, après la capitulation du Japon d'août 1945 qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont continué à se battre. Les raisons de la poursuite de la guerre sont soit un fort dogmatisme ou des principes militaires qui les ont empêchés de croire en une défaite, soit une ignorance de la fin de la guerre à cause de communications entre ces soldats et le Japon coupées lors de la stratégie du saute-mouton utilisée par les États-Unis.

Ces soldats ont continué à combattre les forces d'occupation puis plus tard la police, des années après la fin de la guerre. D'autres soldats japonais récalcitrants à la fin de la guerre se sont impliqués dans la guerre d'Indochine et la révolution nationale indonésienne pour libérer l'Asie de la présence occidentale, un des buts poursuivis par l'Empire du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale.

Hirō Onoda, qui se rend sur l'île de Lubang, Philippines, en mars 1974 et Teruo Nakamura, qui vivait sur Morotai en Indonésie et qui se rend en décembre 1974, sont les deux derniers stragglers confirmés.

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Teruo Nakamura

Naissance 8 octobre, 1919

Décès 15 juin, 1979

Origine Japonais

Allégeance Empire du Japon

Arme Armée impériale japonaise

Grade Soldat

Années de service 19431974

Conflits Seconde Guerre mondiale

Commandement Volontaires de Takasago

Faits d'armes Bataille de Morotai

Teruo Nakamura né en 1919 (an 9 de l'ère Taishō) sur l'île de Taïwan et mort en 1979, est un soldat de l'armée japonaise de la seconde guerre mondiale qui fut le dernier à se rendre en 1974. Son nom dans sa langue d'origine est Attun Palalin mais il est appelé Lee Guang-Hui à Taïwan, nom dont il ne prit connaissance qu'après son rapatriement en 1975. Il fut découvert sur l'île indonésienne de Morotai.

1945-1949

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Sakae Ōba

Naissance 21 March 1914

Décès 8 June 1992(1992-06-08) (aged 78)

Origine Japonais

Allégeance Empire du Japon

Arme Armée impériale japonaise

Grade Capitaine

Années de service 1934–1945

Conflits Seconde Guerre mondiale

Commandement 18th Infantry Regiment

Faits d'armes Bataille de Shanghai, bataille de Saipan

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Capitaine Ōba, le 1er décembre 1945

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Mineko Oba, épouse du capitaine Oba en 1937.

Capitaine Sakae Ōba, qui dirige sa compagnie de 46 hommes dans une guérilla contre les troupes américaines après la bataille de Saipan, ne se rend que le 1er décembre 1945, trois mois après la fin de la guerre.

Major Sei Igawa s'engage dans l'armée Viet Minh comme officier d'état-major. Igawa est tué lors d'une bataille contre les Français en 1946.

Lieutenant de marine Hideo Horiuchi s'engage comme Lieutenant Colonel dans l'armée de volontaires indonésienne. Horiuchi est arrêté par les troupes hollandaises le 13 août 1946 alors qu'il est soigné dans un village.

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Lieutenant Ei Yamaguchi

 Le lieutenant Ei Yamaguchi et ses 33 soldats refont surface à Peleliu fin mars 1947 en attaquant le détachement de Marines stationnés sur l'île. Des renforts sont envoyés avec un amiral japonais qui réussit à les convaincre que la guerre est finie. Ils se rendent finalement en avril 1947.

Le 12 mai 1948, l'AP rapporte que deux soldats japonais se sont rendus à des policiers de Guam.

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 Yamakage Kufuku et Matsudo Linsoki

Deux mitrailleurs de la Marine impériale japonaise, se rendent à Iwo Jima le 6 janvier 1949.

Années 1950

Le major Takuo Ishii continue à combattre en tant que conseiller pour les Viet Minh et chef d'état-major. Ishii est tué lors d'une bataille par les soldats français le 20 mai 1950.

L’AP rapporte le 27 juin 1951 qu'un sergent de marine japonais qui s'était rendu deux semaines auparavant à Anatahan affirme que 18 autres soldats se trouvent encore sur l'île. Un avion de l'U.S. Navy qui suite à cela survole l'île voit en effet un groupe de huit ou neuf Japonais agiter des drapeaux blancs sur la plage. Cependant la Navy reste prudente car le sergent avait averti que les soldats étaient bien armés et que certains avaient menacé de tuer tout le monde si quelqu'un envisageait de se rendre. Les chefs affirment que la guerre est toujours en cours. La Navy envoie un bateau, le Cocopa, sur l'île dans l'espoir de récupérer quelques-uns ou tous les soldats sans incident. L'occupation japonaise de l'île inspirera le film Anatahan.

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Yūichi Akatsu

Le soldat de première classe Yūichi Akatsu continue à combattre sur Lubang de 1944 jusqu'à sa reddition dans le village philippin de Looc en mars 1950.

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Shōichi Shimada

Le caporal Shōichi Shimada continue à se battre sur Lubang jusqu'à sa mort lors d'une escarmouche avec les soldats philippins en mai 1954.

Le lieutenant Kikuo Tanimoto devient conseiller et commandant Viet Minh. Tanimoto retourne au Japon en 1954 après l'indépendance du Viêt Nam.

Années 1960

Private Bunzō Minagawa reste de 1944 jusqu'en mai 1960 sur l'île de Guam.

Le sergent Tadashi Itō, supérieur de Minagawa, se rend quelques jours plus tard le 23 mai 1960 sur l'île de Guam.

Années 1970

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Shoichi Yokoi

Naissance 31 mars 1915

Décès 22 septembre 1997  à l’âge de 82 ans

Origine Japonais

Allégeance Empire du Japon

Arme Armée impériale japonaise

Grade Sergent

Années de service 1941-1972

Conflits Seconde Guerre mondiale

Commandement  1er bataillon de Guam

Faits d'armes Seconde bataille de Guam

Le caporal Shoichi Yokoi, qui servait sous les ordres d'Ito, est capturé sur l'île de Guam en janvier 1972.

Le soldat premier classe Kinshichi Kozuka aura tenu avec Hirō Onoda pendant 28 ans jusqu'à sa mort lors d'échanges de coups de feu avec la police philippine en octobre 1972.

Le lieutenant Hirō Onoda, qui reste sur l'île de Lubang de décembre 1944 jusqu'en mars 1974 avec Akatsu, Shimada et Kozuka, est relevé de ses fonctions par son ancien officier en mars 1974.

Le soldat Teruo Nakamura (Amis: Attun Palalin) est découvert par les forces aériennes indonésiennes à Morotai et se rend à une patrouille de recherche le 18 décembre 1974.

Années 1980

L'Agence France-Presse rapporte en 1980 que le capitaine Fumio Nakahara vit toujours sur le mont Halcon  aux Philippines. Une équipe de chercheurs menée par Isao Mayazawa, un ancien compagnon d'armes de Fumio Nakahara, pense avoir découvert sa hutte. Cependant il n'y a aucune preuve que le soldat japonais ait survécu jusqu'en 1980.

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Hirō Onoda 19 mars 1922 (1922-03-19) (91 ans)

Date naissance Kamekawa

Origine Japonais

Allégeance Empire du Japon

Arme Armée impériale japonaise

Grade Sous-lieutenant

Années de service 19411974

Conflit Seconde Guerre mondiale

Faits d’armes Campagnes du Pacifique

Hirō Onoda, né le 19 mars 1922 (an 11 de l'ère Taishō) à Kamekawa dans la préfecture de Wakayama au Japon, est un soldat japonais en poste sur l'île de Lubang dans les Philippines qui refusa de croire à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la reddition du Japon en 1945 et qui continua la guerre seul jusqu'en 1974. C'est le plus connu des nombreux soldats japonais cachés.

Son instruction militaire

Issu d'une famille de 6 frères et sœurs, Hirō Onoda fait ses études au collège de Kainan. À 17 ans, il entre dans la société d'import-export Tajima-Yoko, spécialisée dans la vente de vernis à Wakayama, puis demande à être affecté dans une succursale de l'entreprise à Hankou en Chine. À 20 ans, il est appelé pour son service militaire à intégrer le 61e régiment d'infanterie de Wakayama. Peu de temps après, Onoda est affecté au 218e régiment d'infanterie : destination Nanchang, où il retrouve son frère Tadao.

En 1943, Onoda arrive à Kurume, qui a une école d'une réputation effrayante sous les ordres du général Shigetoumi. Après trois mois d'entraînement intensif, Onoda regagne son unité d'origine. Le 13 août 1944, Onoda quitte Kurume pour rejoindre la 33e compagnie à Futamata qui est une annexe de l'école de Nakano dans laquelle sont formés des officiers commandos. En décembre 1944, Onoda fait partie des vingt-deux hommes formés aux techniques de la guérilla. Destination : les Philippines, territoire américain occupé par le Japon. Son supérieur, major Yoshimi Taniguchi, lui donne l'ordre de retarder le débarquement des Américains sur l'île de Lubang, sur laquelle Hirō Onoda passera plus de trente années dans la jungle attendant le retour de l'armée japonaise.

De 1945-1974

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Norio Suzuki en compagnie d’Hiroo Onoda le jour de sa reddition

En 1945, les troupes américaines reprirent l'île et presque toutes les troupes japonaises furent anéanties ou faites prisonnières. Cependant, Onoda continua la guerre, vivant d'abord dans les montagnes avec trois camarades (Yuichi Akatsu, Siochi Shimada et Kinshichi Kozuka). Un d'entre eux, Akatsu, se rendit finalement aux forces philippines en 1950, et les deux autres furent tués dans des échanges de coups de feu avec les forces locales – Shimada en 1954, Kozuka en 1972 – laissant Onoda seul dans la montagne.


Il rejetait comme une ruse toute tentative visant à le convaincre que la guerre était finie. En
1959, il fut déclaré légalement mort au Japon.

Retrouvé par un étudiant japonais, Norio Suzuki, Onoda refusa obstinément d'accepter l'idée que la guerre était finie à moins d'avoir reçu de son supérieur hiérarchique l'ordre de déposer les armes. Pour l'aider, Suzuki retourna au Japon avec des photos de lui-même et d'Onoda comme preuve de leur rencontre. En 1974, le gouvernement japonais put retrouver le commandant d'Onoda, le major Taniguchi, devenu libraire. Il se rendit à Lubang, informa Onoda de la défaite du Japon et lui ordonna de déposer les armes. Le lieutenant Onoda quitta la jungle 29 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et accepta l'ordre de son chef de remettre son uniforme et son épée, avec son fusil Arisaka Type 99 toujours en état de marche, cinq cents cartouches et plusieurs grenades à main.

Bien qu'il eût tué une trentaine de Philippins qui habitaient l'île et échangé plusieurs coups de feu avec la police, on tint compte des circonstances et Onoda bénéficia du pardon du président Ferdinand Marcos.

Le lieutenant Onoda fut, au sens strict, le dernier soldat de nationalité japonaise à se rendre. Le tout dernier soldat de l'armée japonaise fut retrouvé quelques mois plus tard, en décembre 1974 : il s'agissait non pas d'un citoyen japonais, mais d'un aborigène de Taïwan, incorporé dans les volontaires de Takasago sous le nom de Teruo Nakamura.

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Vie ultérieure

Après sa reddition, Hirō Onoda alla s'installer au Brésil, où il devint éleveur de bétail. Peu après sa reddition, il publia une autobiographie, Ne pas se rendre : Ma guerre de Trente Ans, où il décrit sa vie de maquisard dans une guerre terminée depuis longtemps. En 1996, il est revenu visiter l'île de Lubang et a fait un don de dix mille dollars américains pour l'école locale. Par la suite, il a épousé une compatriote et est retourné vivre au Japon où il a créé en pleine nature un camp pour les enfants. Là, Hirō Onoda partage avec eux ce qu'il a appris sur la survie pendant ses années de vie solitaire.


11/10/2013
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LA CAPITULATION DU JAPON

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Tandis que se déroulaient les cérémonies solennelles qui confirmaient la capitulation du Japon, le général Mac Arthur, commandant suprême pour les puissances  alliées, attira l’attention sur le but insaisissable vers lequel l’humanité tend depuis longtemps. Jespère sincèrement et sans doute avec moi l’humanité tout entière qu'à la suite de cette solennelle cérémonie un monde meilleur naîtra du sang et du carnage passé, un monde fondé sur la foi et la compréhension, un monde consacré à la dignité de l’homme et à l’accomplissement de ses vœux les plus chers; la liberté, la tolérence et la justice. La guerre du Pacifique est terminée.

Nagasaki

Du Dr Takashi Nagai, de l'hôpital de Nagasaki, à propos du bombardement de la ville le 9 août 1945. Je vis l'éclair lumineux depuis la salle de radiologie. Non seulement mon présent, mais mon passé et mon avenir furent emportés par l'explosion. Mes chers étudiants brûlèrent tous ensemble dans une boule de feu devant mes yeux. Puis je retrouvai ma femme à qui j'avais demandé de prendre soin des enfants après ma mort, mais elle n'était plus qu'un amas de cendres fines extraites des ruines de notre maison incendiée. Elle était morte dans la cuisine.

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Le Dr Takashi Nagai dans le paysage dévasté de Nagasaki soumis au feu atomique; un mois après le bombardement du 9 août 1945 qui tua 35 000 personnes et ravagea totalement cinq kilomètres carrés.
Le Dr Nagai mourut des suites de son irradiation quelques jours après que cette photo a été prise.

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Le général Mac Arthur signant le document de la capitulation sans condition du japon. L’anglais Percival, l’américaain Wainwright

Capitulation du Japon sur le cuirassé Missouri

Sur les superstructures du Missouri. Des centaines de marins sont assis, jambes pendantes, sans égard pour la solennité du moment. Shigemitsu, qui a perdu une jambe à Shanghaï quinze ans auparavant, monte péniblement l’échelle de coupée et s’avance sur le pont en s’appuyant sur sa canne.

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Officiers et dignitaires japonais arrivant sur le Missouri pour la signature de la capitulation du Japon

Sur la plage arrière, une table recouverte d’un tapis vert porte les instruments de la capitulation. Derrière elle sont rangées les délégations alliées.

Cinq longues minutes s’écoulent. Les Japonais dévorent leurs larmes, MacArthur parait. Il est suivi de l’amiral Nimitz et de l’amiral Halsey, un arbitrage présidentiel difficile ayant été nécessaire pour déterminer la part d’honneur de l’U.S. Army et de l’U.S. Navy. Deux vaincus, squelettiques à la suite d’une longue captivité, sont également associés au triomphe : l’Anglais Percival, qui rendit Singapour, et l’Américain Wainwright qui rendit Corregidor.

Aucun discours n’était prévu. Mais MacArthur réservait une surprise. Il parle. Il parle magnifiquement. Il célèbre la paix restaurée. Il associe les vainqueurs et vaincus, en leur demandant un effort commun pour s’élever à une plus haute dignité humaine.

Le vent souffle du large et souffle de l’avenir. Les pavillons claquent sous le soleil. Le contraste avec les mornes cérémonies nocturnes de Reims et de Berlin, empreintes de jactance et de haine, est saisissant. Suivant le mot d’un des témoins japonais, le diplomate Käse, l’inspiration généreuse de MacArthur a fait du Missouri, énorme machine de guerre, un autel de paix.


06/10/2013
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L’INTERNEMENT DES JAPONAIS AU CANADA

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Une notice pour les Japonais du Canada

En 1942, le gouvernement de la Colombie- Britannique déporte vingt- trois mille canado- japonais dans des camps dans des régions éloignées. Leurs biens sont confisqués et leur vie dans les camps est misérable.

On se prépare à se serrer la ceinture en prévision de la famine qui s'en vient. Les maladies la torture physique et mentale, la mort serait plus facile à supporter.

Muriel Kitagawa

Depuis leur arrivée au Canada au siècle dernier, les Japonais, à l'instar des Chinois, ont été l'objet d'une hostilité raciale très forte. Les Canado-Japonais, qui vivent principalement en Colombie- Britannique, pêchent le long des côtes alors que d'autres s'adonnent à la culture d'arbres fruitiers et à plusieurs petits métiers. Travailleurs infatigables, ils dont souvent jalousés par les Blancs qui leur reprochent d'être des voleurs d'emplois.

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Les camps où étaient déportés les familles canado-japonaises étaient surpeplés, mais construits, peu isolés et peu chauffés. Uune cuisine communautaire dans le camp d’internement de Greenwood, en Colombie-Britannique

En 1903, le gouvernement de Colombie- Britannique les prive du droit de vote même s'ils paient des impôts comme les autres citoyens. Cette interdiction s'applique, à partir de 1920, au niveau fédéral. Le solliciteur de Colombie- Britannique explique :

Nul Oriental, qu'il soit hindou, japonais ou chinois n'acquiert l'électorat en ce pays par le seul fait qu'il en est citoyen.

Une délégation de Japonais ayant obtenu leur citoyenneté, se rend à Ottawa en 1936 pour rencontrer Mackenzie King et demander le droit de vote. Le Premier ministre répond qu'il ignorait que les Canadiens japonais voulaient avoir le droit de voter. Leur requête est refusée.

Pendant la Deuxième guerre mondiale, le Japon poursuit une politique expansionniste et envahit plusieurs pays en Asie. Le 7 décembre 1941, sa flotte d'avions attaque la base américaine de Pearl Harbour dans le Pacifique. Les États- Unis répondent à cet affront en déclarant la guerre au Japon. L'Île de Hong Kong est envahie à son tour et les soldats canadiens qui la protégeaient sont faits prisonniers. La crainte grandit au Canada à l'idée que l'armée nippone pourrait débarquer sur la côte Ouest.

Peu de temps après cette attaque, le gouvernement de Colombie- Britannique saisit les bateaux de pêche appartenant aux Japonais. Les imprimeries de journaux en japonais sont fermées. Le 14 janvier 1942, tous les hommes d'origine japonaise, âgés de 18 à 45 ans sont emprisonnés et amenés dans des camps situés dans des régions éloignées de la province. Le gouvernement ne veut plus voir un seul asiatique habiter près de la côte Ouest de peur qu'il soit un ennemi intérieur.

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En 1942, le gouvrernement canandien ordonne le déplacement de tous les Japonais en Colombie-Britannique, saisissant tous les biens qu'’ils ne peuvent emporter avec eux.

Six semaines plus tard, le 26 février, les vingt-deux mille Canadiens d'origine japonaise, surtout des femmes, des vieillards et des enfants, reçoivent l'ordre de quitter leurs maisons et leur travail, avec pour tout bagage une seule valise. Ils seront internés à leur tour dans des camps au nom de la sécurité nationale.

Chacun interné est fiché, photographié et obtient un numéro matricule. Des centaines de familles sont entassées pendant des mois dans des étables du parc Hastings de Vancouver avant d'être conduites dans des camps. La vie à Hastings Park est désespérante.

Des centaines de femmes et d'enfants furent entassés dans les étables. Les familles étaient isolées les unes des autres par des morceaux de tissu suspendus aux lits superposés. Les murs séparant les rangées de lits n'étaient que de cinq pieds de haut, une hauteur normale pour attacher les animaux.

Ils mènent une vie misérable de promiscuité et d'indigence.

Eiko dort dans une stalle qu'on a divisée.) Cette stalle abritait précédemment une paire d'étalons. Tout l'endroit est imprégné de l'odeur d'ancien fumier et de vers. Tous les deux jours, on asperge le sol de chlorure de chaux ou de quelque chose de semblable, mais on ne peut masquer les odeurs des chevaux, de vaches, de moutons et de cochons, de lapins et de chèvres. Les toilettes consistent simplement en un trou pratiqué dans une feuille de tôle et, jusqu'à maintenant, elles ne sont pas isolées et n'ont pas de siège) Eiko est vraiment malade. Cet endroit la rend malade. Il y a dix douches pour 1 500 femmes. Les hommes se laissent terriblement aller.

Des hommes sont envoyés dans des camps de travail, dans les mines à l'intérieur des terres. Des familles entières vont travaillées dans les champs au Manitoba et en Saskatchewan. Leurs conditions de vie sont extrêmes. Dans les camps, les bâtiments ne sont pas isolés, il fait très froid et la maladie frappe.

En 1943, l'infamie se poursuit. Le gouvernement confisque les biens des internés et les vend sans leur consentement. Terres, entreprises, véhicules, maisons, effets personnels, tout est liquidé à bas prix. La communauté japonaise de Colombie- Britannique devra recommencer à zéro après la guerre.

Lorsque la guerre se termine, les autorités les obligent les Canadiens d'origine japonaise à retourner au Japon ou aller s'installer dans les Rocheuses. Plus de dix mille quittent le Canada pour le Japon. Ceux qui restent entretiendront pendant longtemps un fort ressentiment envers le Canada.

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Emplacement de canadiens d’origine japonaise dans les camps d’internement à l’intérieur de la Colombie-Britannique.

Le Canada ferme ses portes

Je me sentais comme dans un autre monde, en entrant dans le camp de Dachau. Ce qu'on découvrait, c'était l'antisémitisme, mais surtout jusqu'où peut aller la chute dans la barbarie. Pas un accident de parcours. Une organisation systématique de la mort, une véritable industrie scientifique de l'extermination, un enfer fabriqué avec beaucoup de soins. On ne pouvait croire ce qu'on voyait. Il y avait des rumeurs sur ce qui se passaient dans ces camps. Et Hitler n'avait pas caché qu'il voulait appliquer la solution finale au problème juif. Mais tant que tu n'as pas vu ça de tes propres yeux, tu ne peux pas y croire.

René Lévesque, correspondant de guerre

Pendant que les Allemands soumettent les pays occupés à leurs diktats, ils forcent les juifs d’Europe de l’Est à vivre dans des guettos et les déportent par millions dans leurs camps de concentration. Tous les juifs qui le peuvent essaient de fuir la persécution nazie et les demandes d'asile au Canada grimpent en flèche dans que leu gouvernement leur prête une oreille attentive.

L’attitude du Premier ministre, Mackenzie King, face à la question de l'entrée des juifs au pays, reflète celle des Canadiens en général. King est conscient que l’arrivée de milliers de Juifs au Canada, dans une conjoncture économique de rareté d'emploi, jetterait de l’huile sur le feu et aggraverait encore davantage le racisme.

La Loi canadienne sur l’immigration est resserrée pendant la crise. Elle stipule qu’un immigrant qui est sans emploi rémunérateur peut être expulsé du pays, une disposition fort commode qui facilite l’expulsion des travailleurs étrangers. On estime que près de trente mille immigrants de plusieurs nationalités, dont les juifs, ont ainsi été forcés de quitter le Canada entre 1930 et 1935.

Pour les Juifs déjà établi au pays, l’antisémitisme de la société canadienne est une réalité. Cette discrimination parfois évidente, parfois dissimulée, se manifeste diversement. Par exemple, les Juifs ne peuvent s’inscrire à l’université ni dans des écoles de formation professionnelle et leurs magasins sont régulièrement la cible de vandales. En outre, on les présente toujours comme étant à la recherche de l'argent.

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Yuko Sato, petite fille d’origine japonaise déportée

Les Canadiens- français se méfient beaucoup des Juifs et craignent leur pouvoir économique. L’Église catholique et la petite bourgeoisie d’affaires lancent des campagnes d’achats chez nous. Sur la scène politique, le parti fasciste d’Adrien Arcand diffuse l’idéologie raciste et antisémite d’Hitler au Québec et rencontre de la sympathie.

Il faut dire que peu d’information circule ici sur le véritable sort véritable réservé aux Juifs par les nazis. On n’en saura pas grand-chose avant 1943. Par bribes, par déduction ou par hasard, quelques organismes finissent par en avoir un portrait assez clair.

Ce qu’ils apprennent de la vie quotidienne des Juifs dans les camps de concentration allemand est si odieux et si abominable, que plusieurs n’arrivent pas y croire. D’autres sont terriblement secoués, comme la sénatrice Cairine Wilson, membre du Comité national pour les réfugiés et les victimes de persécution politique. Selon elle, le Canada doit se faire un devoir d’accueillir ceux qui réussissent à fuir cet enfer.

À plusieurs reprises, elle rencontre Mackenzie King à ce sujet. Peine perdue, tout en se montrant sensible à leur cause, King ne veut rien changer. Même les enfants des juifs ne réussiront pas à entrer au pays. De tous les pays alliés, le Canada détient le triste record d'avoir admis le plus petit nombre de Juifs sur son territoire. À peine cinq cents d’entre eux peuvent venir au Canada alors que l’Holocauste tue plus de 5 millions de Juifs.

Ce n’est que lorsque les militaires canadiens libèrent les Pays- Bas et se battent à la frontière de l’Allemagne, qu’ils découvrent l’horreur absolue des camps de concentration et qu’ils rapportent au pays les terrible histoires des survivants de la Shoah.

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Déplacement des Japonais, même les japonais qui possèdent la citoyenneté canadienne sont déplacés en 1942

Les Japonais du Canada

Pendant la Deuxième guerre mondiale, les Canadiens d’origine japonaise qui vivent sur la côte ouest, en Colombie- Britannique, écopent du sentiment raciste et de la peur qui envahit sa population face à la menace d’une invasion du Canada par le Japon.

Poursuivant depuis 1931 son expansion en Chine et ailleurs dans la région, le Japon devient une menace dangereuse pour les Alliés après l’attaque de la base américaine de Pearl Harbor, dans le Pacifique, le 7 décembre 1941.

Les Canadiens de l’Ouest soupçonnent tous les Japonais, même ceux qui ont la citoyenneté canadienne, de collaborer en secret avec le gouvernement impérial de Tokyo pour préparer une invasion de la côte du Pacifique, d’être en quelque sorte « une cinquième colonne ».

Quelques jours après cette attaque, la compagnie de chemin de fer Canadian Pacifique remercie tous ses employés d’origine japonaise. Puis, c’est au tour des pêcheurs canado- japonais de se faire retirer leur permis de pêche et confisquer leurs bateaux par le gouvernement de la Colombie- britannique.

La haine des Canadiens de l’Ouest monte encore d’un cran lorsque les Japonais envahissent Hong Kong et capturent deux mille soldats canadiens qui protégeaient l’île. La crainte augmente encore lorsque la flotte nipponne s'avance dans les îles Aléoutiennes, au large de l’Alaska.

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Officier de la marine royale du Canada (MRC) en train d’interroger un pêcheur canadien d’origine japonaise et de confisquer son bateau.

Pour parer à toute éventualité, le gouvernement de la Colombie- Britannique ordonne, le 26 février 1942, que les milliers de Canadiens d'origine japonaise soient déportés dans des régions éloignées. Plus de vingt- trois mille Japonais seront déportés dans des camps loin de la côte entre 1941 et 1946.

Au moment où l'ordre de déportation est donné, les camps ne sont pas tous encore construits. Plusieurs milliers de familles sont entassées dans les étables du Parc Hastings de Vancouver, et patienter des mois dans cet endroit sale et puant, en attendant d’être « relocalisées » dans les camps.

En juillet 1943, succombant aux pressions politiques, le gouvernement de Colombie- Britannique met en vente les propriétés et les biens des Canadiens d'origine japonaise, effaçant ainsi toute trace de leur présence.

La guerre finie, le gouvernement canadiens les obligent à faire un choix déchirant : soit ils retournent vivre au Japon, ou soient ils vont s’établir dans les Montagnes Rocheuses. Près de 10 000 choisiront de retourner au Japon. Ce n’est qu’en 1949 qu‘ils recouvreront le droit de pouvoir s’établir n’importe où au Canada.

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Des enfants japonais, en route vers un camp d’internement, regardant par la vitre d’un train.

Canadiens d'origine japonaise

En 1877, Manzo Nagano, le premier immigrant japonais attesté, s'installe à Victoria, en Colombie-Britannique. Par la suite, vers 1914, on dénombre 10 000 Japonais établis définitivement au Canada. Le recensement de 2006 estime à 98 900 le nombre de Canadiens de souche japonaise, dont 56 470 indiqué une seule origine ethnique et à 42 430 de plus qui comptent des Japonais parmi leurs ancêtres (origines multiples). Historiquement, le passé des Japonais au Canada est marqué par la discrimination et les bouleversements, alors que leur présent est marqué par la réussite.

Immigration et peuplement

La première vague d'immigrants japonais, appelés Issei, arrive entre 1877 et 1928. Avant 1907, presque tous les immigrants sont de jeunes hommes. En 1907, le Canada insiste pour que le Japon limite l'immigration des hommes au pays à 400 par an. Il s'ensuit que la plupart des immigrants après cette date sont des femmes venues rejoindre leur mari. En 1928, le Canada réduit encore l'immigration japonaise à 150 personnes, quota qui est rarement atteint. En 1940, l'immigration japonaise s'interrompt complètement pour ne recommencer qu'en 1967.

Les Issei sont le plus souvent jeunes et instruits, originaires des villages agricoles ou des villages de pêche pauvres et surpeuplés des îles Kyushu et Honshu, dans le Sud du Japon. La plupart d'entre eux s'établissent soit à Vancouver ou à Victoria, ou dans les alentours, soit dans les fermes de la vallée du Fraser ou les villages de pêche et les petites villes de l'industrie papetière qui longent la côte du Pacifique. Quelques centaines se fixent aussi en Alberta, près de Lethbridge et d'Edmonton.

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Famille d’immigrants d’Okinawa et Japonais de Vancouver, Colombie-Britannique, en 1924

La culture de la seconde vague d'immigrants japonais, qui commence en 1967, est très différente de la culture paysanne des Issei d'avant la Première Guerre mondiale. Parmi ces immigrants récents très instruits, issus d'une classe moyenne urbaine et industrialisée, plusieurs pratiquent des arts japonais traditionnels qui ne sont plus connus des descendants des Issei, tels que les arts martiaux, le taiko, l'odori, l'origami et l'ikebana. Établis dans de nombreux centres urbains d'un bout à l'autre du Canada, ces nouveaux immigrants ont permis aux jeunes Canadiens d'origine japonaise d'apprendre les arts, l'artisanat et la langue de leurs ancêtres.

Discrimination

Dès le début, les Canadiens d'origine japonaise, qu'il s'agisse d'immigrants Issei ou de leurs enfants nés au Canada, appelés Nisei, font face à une discrimination massive. Jusqu'à la fin des années 40, les hommes politiques de la Colombie-Britannique cèdent aux tenants de la suprématie blanche et adoptent une série de lois destinées à forcer les Canadiens d'origine japonaise à quitter le Canada. Les Canadiens japonais sont privés du droit de vote, y compris les Nisei nés au Canada et les vétérans issei qui ont servi dans l'armée canadienne au cours de la Première Guerre mondiale. Il existe aussi des lois qui interdisent aux Canadiens d'origine japonaise d'exercer la plupart des professions libérales et de travailler dans la fonction publique et l'enseignement. D'autres lois sur le travail et le salaire minimum font en sorte que les Canadiens asiatiques ne peuvent être embauchés que pour des tâches subalternes, à un salaire inférieur à celui des Blancs.

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Un groupe d’hommes japonais. Ils sont devant une tente qui leurs sert d’abris.

Dans les années 20, le gouvernement fédéral tente d'exclure les Canadiens japonais de leur gagne-pain traditionnel, la pêche, en ne délivrant qu'un nombre restreint de permis. Au cours de la Crise des années 30, le gouvernement de la Colombie-Britannique leur refuse tout permis d'exploitation forestière et ne versent aux Canadiens japonais qu'une fraction de l'aide sociale accordée aux Blancs. Jusqu'en 1945, les Nisei n'ont pas le droit de s'engager dans les Forces armées canadiennes, car l'engagement confère le droit de vote à la fois au soldat et à son épouse. De tous les partis politiques, seule la CO-OPERATIVE COMMONWEALTH FEDERATION prône l'égalité de tous les Canadiens.

Développement de la communauté

Avant la Deuxième Guerre mondiale, les Canadiens de souche japonaise, exclus de la société canadienne en raison de la discrimination, se regroupent et créent leurs propres institutions sociales, religieuses et économiques. Sur la rue Powell à Vancouver, comme à Steveston, à Mission City et dans d'autres villages de la vallée du Fraser ainsi que dans des centres urbains côtiers, dont Powell River, Tofino et Prince Rupert, des Canadiens d'origine japonaise construisent des églises chrétiennes, des temples bouddhistes ou shintô, des écoles de langue japonaise et des centres communautaires ainsi que des hôpitaux dont les médecins et infirmières sont des Japonais formés aux États-Unis ou au Japon. Ils créent des associations coopératives pour la vente des produits de l'agriculture et de la pêche et des associations communautaires et culturelles pour l'entraide et les activités sociales. En 1941, on compte plus de 100 clubs et organisations au sein d'une communauté très unie de 23 000 personnes, dont la moitié est des enfants.

Jusqu'aux années 50, la discrimination empêche les Nisei de trouver du travail en dehors de la communauté japonaise. Pourtant, les Nisei des années 30, qui ont acquis une bonne maîtrise de l'anglais et une réputation de bons élèves et de travailleurs infatigables, ne demandent pas mieux que de contribuer à la société canadienne. À cause de la discrimination, cependant, même les universitaires doués, comme Thomas K. Shoyama, sont obligés de chercher du travail au sein de la communauté japonaise, car en dehors de celle-ci, ils ne peuvent travailler que comme ouvriers.

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Camp d’internement pour les canadiens japonais en juin 1945

 La Deuxième Guerre mondiale

Cette guerre détruit la communauté japonaise de la Colombie-Britannique. Douze semaines après le 7 décembre 1941, date de l'offensive japonaise contre Pearl Harbor et Hong-Kong, le gouvernement fédéral, poussé par des hommes politiques racistes de la Colombie-Britannique, se sert de la Loi des mesures de guerres pour ordonner le déplacement de tous les Canadiens d'origine japonaise résidant à moins de 100 miles (160 km) de la côte du Pacifique. À l'époque, le gouvernement soutient que cette mesure est dans l'intérêt de la sécurité nationale, malgré l'opposition du haut commandement militaire et des officiers de police, selon lesquels les Canadiens japonais ne représentent aucun danger pour la sécurité du Canada.

C'est ainsi qu'en 1942, 20 881 hommes, femmes et enfants de souche japonaise, dont 75 p. 100 ont la nationalité canadienne, sont expulsés de leur foyer et envoyés dans un camp temporaire au Pacific National Exhibition Grounds, à Vancouver, avant de se retrouver dans des camps de détention en Colombie-Britannique ou dans des fermes maraîchères en Alberta et au Manitoba. Entre 1943 et 1946, le gouvernement fédéral liquide toutes les propriétés des Canadiens d'origine japonaise (maisons, fermes, bateaux de pêche, entreprises et biens personnels) en déduisant des recettes toute prestation sociale touchée par les propriétaires pendant le chômage forcé dans les camps de détention. En 1945, les Canadiens d'origine japonaise sont obligés de choisir entre la déportation vers un Japon ravagé par la guerre ou la dispersion à l'est des Rocheuses. La plupart d'entre eux choisissent cette deuxième possibilité et déménagent en Ontario, au Québec ou dans les Prairies. En 1946, le gouvernement essaie de déporter 10 000 Canadiens japonais au Japon, mais revient sur sa décision à la suite de la protestation massive de la population canadienne. Le 1er avril 1949, les Canadiens japonais retrouvent leur liberté et obtiennent le droit de vote.

La communauté d'après-guerre

Au cours des années 50, les Canadiens japonais refont leur vie en consacrant leurs énergies au travail et aux études, mais comme ils sont dispersés à travers le Canada, ils ne peuvent reconstruire la communauté. L'essor économique de l'après-guerre et le rejet du racisme en tant que stratégie politique par la société canadienne leur ouvrent de nouvelles perspectives. Ils entrent rapidement dans la classe moyenne urbaine et suburbaine.

La troisième génération, les Sansei, née dans les années 50 et dans les années 60, grandit entièrement immergée dans la société canadienne. Les vestiges de la communauté japonaise d'avant-guerre subsistent uniquement grâce à deux journaux et à une poignée d'églises, de temples et d'associations communautaires dans les grandes villes. Les Sansei, qui constituent une population éparse, privés de contact avec d'autres Japonais pendant l'enfance, parlent anglais ou français, mais peu ou pas le japonais et connaissent mal leur patrimoine culturel. En tant que groupe, ils sont plus instruits que leurs homologues de race blanche et on les retrouve en proportion élevée dans les universités, les professions libérales et les arts. La meilleure illustration des changements survenus depuis la Deuxième Guerre mondiale, c'est peut-être le fait que plus de 75 p. 100 des Sansei épousent des non-Japonais.

Réparation

Vers la fin des années 70 et dans les années 80, la réparation des abus subis aux mains d'hommes politiques racistes pendant la Deuxième Guerre mondiale constitue une question de fond qui divise les Canadiens japonais, avant de les unir en fin de compte. Armée de récits nouvellement publiés des expériences de guerre, basés sur des documents officiels enfin rendus publics au bout de 30 ans, la National Association of Japanese Canadians (NAJC) cherche à convaincre le gouvernement fédéral de reconnaître les torts commis pendant la guerre, de négocier la réparation pour les personnes lésées et, surtout, d'amender les lois canadiennes de manière à empêcher que d'autres Canadiens subissent les mêmes abus.

Au début, cette campagne sème la division parmi les Canadiens d'origine japonaise. Un groupe basé à Toronto veut accepter un paiement symbolique de six millions de dollars offert par le gouvernement Mulroney. Les membres du groupe considèrent cette proposition de règlement comme une solution réaliste du point de vue politique et craignent des représailles contre les Canadiens de souche japonaise s'ils osent en demander plus. Un second groupe, dirigé par le président de la NAJC, Art Miki, voit cette offre comme le prolongement de l'attitude de l'époque de la guerre, selon laquelle les Canadiens japonais peuvent être traités comme un groupe faible et amorphe auquel on peut imposer un règlement.

Pour les dirigeants de la NAJC, un processus de négociation en bonne et due forme est aussi important que la réparation elle-même. Ils veulent un règlement négocié et non imposé et une compensation monétaire des torts infligés aux personnes concernées. Entre 1984 et 1988, la NAJC organise des séminaires, des réunions informelles et des conférences.

Elle milite et présente des pétitions auprès du gouvernement et des groupes de défense des droits de la personne, des droits ethniques et des droits en matière de religion. En outre, elle rédige et fait distribuer des études et des communiqués de presse pour informer la classe politique, les Canadiens japonais et le grand public. L'une de ces études démontre que les pertes économiques dues à la confiscation de biens pendant de la guerre s'élèvent à 443 millions de dollars (en dollars de 1986). En 1986, les sondages indiquent que 63 p. 100 des Canadiens sont en faveur de la réparation et que 45 p. 100 appuient la compensation individuelle.

En 1988, face au grand mouvement de l'opinion publique en faveur de la réparation, le gouvernement accepte de négocier avec la NAJC. En juillet 1988, la Loi des mesures de guerre est abolie et remplacée par la Loi sur les mesures d'urgence. Celle-ci interdit les mesures d'urgence de nature discriminatoire, permet au Parlement d'annuler les mesures d'urgence commandées par le gouvernement, exige une enquête sur les actions du gouvernement après toute intervention en situation d'urgence et prévoit la compensation des victimes de mesures gouvernementales.

Enfin, le 22 septembre 1988, le premier ministre Brian Mulroney reconnaît les torts du gouvernement au temps de la guerre et annonce une compensation de 21 000 dollars pour chaque personne directement lésée et la création d'une caisse de bienfaisance pour reconstruire l'infrastructure de la communauté. Il accorde le pardon à toute personne condamnée à tort pour avoir contrevenu aux ordres dans le cadre de la Loi sur les mesures de guerre, octroie la nationalité canadienne aux personnes déportées à tort au Japon et à leurs descendants et prévoit le financement d'une fondation canadienne des relations raciales. Depuis 1988, 16 000 personnes ont réclamé la compensation, des centres communautaires ont été construits dans la plupart des villes importantes entre Victoria et Montréal, et la Japanese Canadian Redress Foundation a financé une variété de projets, programmes et conférences portant sur la culture, l'éducation et les droits humains.

Parmi les Canadiens japonais les plus connus figurent la romancière Joy KOGAWA, le scientifique David SUZUKI, le fonctionnaire Thomas Shoyama, l'architecte Raymond MORIYAMA, le militant social Art Miki, le judoka Mas Takahashi, les artistes T. Tanabe et Miyuki Tanobe et l'agronome Zenichi Shimbashi.


06/10/2013
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POLITIQUE DES TROIS TOUTS

L'expression Politique des Trois Tout Sankō Sakusen, soit Opération des Trois Tout, dite également Tue tout, brûle tout, pille tout, désigne une politique de la terre brûlée pratiquée dans le nord de la Chine par l'Armée impériale japonaise, durant la seconde guerre sino-japonaise, à partir de la fin 1941 et, surtout, du début 1942.

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Yasuji Okamura

Surpris par l'offensive des cent régiments menée par les troupes régulières et la guérilla du Parti communiste chinois, les Japonais intensifièrent dès la fin 1940 leurs opérations de répression. Le 3 décembre 1941, le Quartier-général impérial émit l'ordre numéro 575, donnant latitude au général Yasuji Okamura pour mener une politique répressive de grande ampleur.

La stratégie appliquée par Okamura visait à réduire la guérilla communiste, dont les troupes étaient souvent camouflées parmi les populations civiles et rurales, en s'attaquant aux zones paysannes qui leur servaient de refuge. Les actions entreprises impliquaient de brûler des villages, de confisquer du grain et, dans des lieux sélectionnés, de tuer tous les hommes âgés de quinze à soixante ans soupçonnés d'être des ennemis. Les opérations menées par l'armée japonaise se concentraient sur cinq provinces, le Hebei, le Shandong, le Shaanxi, le Shanxi et le Chahar, divisées en zones pacifiées et non pacifiées.

L'opération impliquait également de réquisitionner un nombre important de paysans chinois pour construire des tranchées et des fortifications dans le nord de la Chine, et jusqu'au Mandchoukouo. On estime à environ 10 millions le nombre de Chinois ayant été réquisitionnés pour l'opération.

Le terme original employé par l'armée japonaise était Opération réduction en cendres, Jinmetsu Sakusen). L'expression Politique des Trois Tout fut popularisée pour la première fois en 1957 dans le livre Sankō, Nihonjin no Chūgoku ni okeru sensō hanzai no kokuhaku (Les Trois Tout : une confession japonaise des crimes de guerre en Chine), qui causa de vives polémiques au Japon.

Selon l'historien japonais Mitsuyoshi Himeta, la Politique des Trois Touts aurait causé la mort d'environ 2,7 millions de civils chinois. Suite aux morts et, surtout, aux déplacements forcés, on estime que la population des régions concernées est descendue à l'époque de 44 millions à 25 millions. Les pertes subies par les forces armées communistes sont estimées à 100 000 hommes environ.


05/10/2013
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EMPIRE DU JAPON

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Dapeau du Japon

L'Empire du Japon ou Japon impérial (Kyūjitai; Shinjitai; Dai Nippon Teikoku, soit littéralement Grand Empire du Japon, ou Grande Nation Impériale du Japon, simplifié généralement par Empire du Japon) était la désignation officielle du Japon durant la période allant de l'ère Meiji à l'ère Shōwa et englobant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale.Après des siècles de fermeture au monde extérieur, le Japon connaît une réorganisation politique avec la fin du Shogunat et se transforme en nation moderne - adoptant sa première constitution en 1889 - ainsi qu'en puissance d'envergure mondiale. Le pays se caractérise également par une forte politique expansionniste et impérialiste, qui culmine durant la première partie de l'ère Shōwa et la participation du pays au second conflit mondial.Avec la conclusion du pacte antikomintern, puis du pacte tripartite, l'empire japonais finit par s'allier à l'Allemagne nazie, rejoignant ainsi l'Axe formé avec l'Italie fasciste dans le conflit contre les Alliés. Par la réalisation du hakko ichiu, un concept lié au Kokka shinto et pouvant se traduire par la réunion des huit coins du monde sous un même toit, l'Empereur Hirohito devient un symbole de l'Empire colonial du Japon.Après la défaite du Japon dans le conflit mondial et l'adoption en 1947 de la nouvelle constitution, le pays est désigné officiellement sous le nom de Nippon ou Nihon, et parfois Nippon-koku ou Nihon-koku, soit littéralement Nation japonaise).

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L’empereur Meiji Mutsuhito

Politiquement, le début de l'histoire du Japon impérial se confond avec celui de l'Ère Meiji. Le 14 juillet 1871, des préfectures remplacent officiellement les domaines féodaux; Hi-han Chi-ken.

L’empereur Meiji (Mutsuhito)

En 1881, Itō Hirobumi est mis à la tête d'une administration chargée d'étudier les formes modernes de gouvernement, en vue d'établir une constitution pour le Japon. En 1888, un projet de constitution, élaboré en secret, est soumis à l'Empereur. La Constitution de l'Empire du Japon (Kyūjitai: Shinjitai: Dai-Nippon Teikoku Kenpō), dite Constitution Meiji, inspirée des modèles prussien et américain, est approuvée par l'Empereur le 11 février 1889 et entre en application le 29 novembre 1890. La Diète du Japon, premier parlement du pays, est créée. L'Empereur, chef des forces armées, conserve l'autorité sur les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, tandis que les droits et les devoirs des sujets sont clairement définis. L'aristocratie est réorganisée, avec l'instauration de titres nobiliaires sur le modèle européen. La liberté de cultes est assurée, l'Empire faisant néanmoins une très large place au Shintoïsme.

Le pays connaît une modernisation rapide, utilisant la technologie occidentale et les experts étrangers. L'économie japonaise adopte un capitalisme à l'occidental, le pays devenant la nation asiatique la plus développée, et une grande puissance régionale.

L'idéologie nationaliste japonaise se développe et se concrétise par les premiers signes d'expansionnisme politique du pays. En 1894-1895, lors de la première guerre sino-japonaise le Japon bat militairement l'Empire de Chine : la guerre se conclut par le traité de Shimonoseki, par lequel le Japon annexe Taïwan et plusieurs autres territoires, transformant également en protectorat japonais la Corée, dont la Chine a dû reconnaître l'indépendance.

En 1904-1905, la guerre russo-japonaise se termine par la victoire du Japon sur la Russie impériale : tout en préservant sa domination sur la Corée et ses intérêts économiques en Mandchourie, le Japon s'affirme en tant que grande puissance mondiale, capable de vaincre militairement un pays occidental de premier plan.

La participation majeure du Japon à la répression de la Révolte des Boxers, puis l'établissement du protocole de paix Boxer, permettent à l'Empire d'affermir un peu plus son influence sur la Chine.

L'impérialisme japonais est en partie lié aux problèmes nés du modernisme, incluant un besoin de matières premières pour une industrie en plein essor, la recherche de débouchés commerciaux, le besoin de nouvelles terres et une production agricole insuffisante pour une population toujours croissante. Enfin, la volonté de puissance japonaise est alimentée par la persistance des traditions guerrières.

Ère Taishō

Durant l'Ère Taishō, règne de l'Empereur Yoshihito, le Japon poursuit sa rapide modernisation économique et sociale, poursuivant une politique d'industrialisation et de militarisation rapide.

Durant la première guerre mondiale, le Japon rejoint le camp des alliés et déclare la guerre à l'Empire allemand, dont il occupe les possessions en Chine. En 1915, le Japon tente d'affermir sa domination économique la Chine en présentant au gouvernement de Pékin ses Vingt et une demandes, qui constituent en pratique une tentative de mise sous tutelle de l'économie chinoise. Devant les réticences occidentales et les mouvements d'opinion en Chine, le Japon doit finalement reculer. À la fin du conflit mondial, le Japon s'est malgré tout affirmé comme une puissance mondiale et une grande nation industrielle. Le traité de Versailles lui permet de prendre officiellement possession des concessions allemandes en Chine dans le Shandong. Durant la guerre civile russe, le Japon intervient en Sibérie, dont il occupe le territoire jusqu'en 1922.

Ère Shōwa

L'Empereur Hirohito, régent depuis plusieurs années, succède à son père en 1926. Le Japon est frappé par la crise mondiale de 1929. Le pays, faible en matières premières, a du mal à nourrir une population sans cesse croissante (un million de citoyens en plus chaque année). Le chômage sévit dans tous les centres industriels du pays, des krachs financiers se produisent en chaîne. Le caste des militaires veut réagir face à l'inaction du gouvernement et reprend son emprise sur le gouvernement.

L'opinion publique accorde une audience enthousiaste, comme en Allemagne et en Italie, aux leaders politiques proposant des conquêtes faciles, des marchés nouveaux ainsi que des politiques de prestige. Le Japon poursuit et amplifie sa politique expansionniste et, en 1931, envahit la Mandchourie, annexant de fait la région et créant sur son territoire le protectorat du Mandchoukouo, qui lui garantit le contrôle de très importantes ressources naturelles. Dans les années suivantes, le Japon continue d'étendre son influence sur la Chine, multipliant les heurts avec l'armée chinoise et favorisant des soulèvements indépendantistes en Mongolie-Intérieure, dans le but de rééditer l'opération du Mandchoukouo.

Le Japon, se basant sur un empire extensif comprenant Taïwan, la Corée, la Mandchourie et des régions du nord de la Chine, reprend sa croissance économique. L'expansion est considérée comme une nécessité politique et économique, visant à interdire aux états étrangers d'étouffer le pays en bloquant son accès aux matières premières et ses principales voies maritimes. La grande force militaire que possède le Japon est vue comme essentielle pour la défense et la prospérité de l'Empire à travers l'approvisionnement en ressources naturelles, dont l'archipel manque cruellement.

À partir de 1932, sous l'influence d'idéologues militaires comme Sadao Araki, le Japon s'oriente vers une politique militariste et nationaliste de plus en plus prononcée, concevant le pays comme le seul garant légitime de la paix en Asie, et l'Empereur comme le garant divin de l'expansionnisme national, agrémentant la nostalgie du bushido et du shogunat d'une émulation des régimes fascistes européens. En 1936, le Japon signe avec l'Allemagne nazie le Pacte anti-Komintern.

Conflits ouverts avec la Chine, puis l'Occident

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Fumimaro Konoe premier ministre à trois reprises entre 1937 et 1941.

En 1937, après plusieurs années de conflit larvé et de heurts récurrents, le Japon réalise une invasion en règle de l'est de la Chine. L'Empire vise à poursuivre une politique expansionniste en Asie, prenant le contrôle des pays de la région, sous le couvert d'un indépendantisme pan-asiatique théorisé par le concept de sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. En septembre 1940, pour faire contrepoids à l'hostilité des pays occidentaux ayant des colonies en Extrême-Orient, le Japon conclut une alliance militaire avec l'Allemagne nazie et le Royaume d'Italie, le pacte tripartite constituant officiellement l'Axe Rome-Berlin-Tokyo. Le mois suivant, le gouvernement décrète le pays en état de mobilisation nationale, sous l'égide du Taisei Yokusankai, parachevant la mue totalitaire du régime impérial.

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Hideki Töjö, premier ministre de 1941 à 1944.

À la fin 1941, le Japon entre officiellement dans la Seconde guerre mondiale, attaquant les possessions occidentales en Asie et en Océanie. Le pays remporte initialement de nombreuses victoires : la Malaisie britannique, les Indes orientales néerlandaises, le Commonwealth des Philippines, la Birmanie sont occupés par le Japon, qui reçoit en Birmanie le soutien de la Thaïlande. Des combats féroces ont lieu aux Îles Salomon, en Nouvelle-Guinée et dans l'Océan Pacifique. Face à l'effort de guerre des Alliés, la tendance du conflit s'inverse progressivement : les combats en Chine s'enlisent, les Japonais étant incapables de réduire la résistance chinoise; une offensive menée contre l'Inde britannique depuis la Birmanie est un désastre qui aboutit à l'effondrement du front birman; à l'automne 1944, les Américains débarquent aux Philippines. En 1945, les troupes des Etats-Unis, ayant repoussé les Japonais dans l'ensemble du Pacifique, débarquent sur le sol même du Japon.

Défaite militaire

En août 1945, le Japon, n'ayant pas répondu à l'ultimatum émis par les Alliés lors de la conférence de Potsdam, subit successivement un bombardement nucléaire américain sur Hiroshima, une invasion massive de l'Union soviétique en Mandchourie, et un second bombardement nucléaire américain sur Nagasaki. Le 15 août, l'Empereur Hirohito annonce lui-même la reddition du pays. La capitulation est officiellement signée le 2 septembre.

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L'empereur Shōwa en tenue de grand prêtre shinto, lors de son intronisation en 1928.

Après 1945

Après sa défaite dans le conflit mondial, le Japon connaît une période d'occupation militaire par les Alliés. Désireux de conserver le Japon comme allié en Asie, les États-Unis ne mettent pas à bas le système impérial, Hirohito lui-même ne faisant l'objet d'aucune poursuite pour crimes de guerre. Le pays adopte en 1947 une nouvelle constitution, établissant un système de gouvernement parlementaire, et réduisant explicitement le rôle de l'Empereur à sa fonction cérémonielle. Le Japon renonce à son armée, et le terme d'Empire disparaît du nom officiel du pays. Le Japon s'oriente désormais vers un fonctionnement politique démocratique, le miracle économique japonais de l'après-guerre garantissant le redressement du pays.


15/09/2013
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