ARMEE-JAPON

ARMEE-JAPON

CONQUÊTES


LA RECONQUÊTE DU PACIFIQUE

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Carte du Pacifique

Pour les Alliés, la voie étroite conduisant au Japon passait, à la fin de 1943, par la Nouvelle-Guinée et les Philippines, et suivait les atolls du Pacifique Centre. La force principale de l'aviation américaine reposait désormais sur la rapidité des nouveaux groupes embarqués.

Au cours de l'année 1943, les affrontements aériens au-dessus des Solomon et de Rabaul furent parmi les plus âpres de la guerre du Pacifique. L'aéronavale nippone utilisa largement ses groupes embarqués et ses unités basées à terre dans l'espoir de contenir la puissante avance de l'ennemi. Le 1er mai 1943, ce qui restait de la 21e flottille du contre-amiral T. Ichimaru fut transféré de Kavieng à Tinian (Mariannes), ses éléments aériens étant confiés à la 25e flottille. Dix jours plus tard, 58 A6M3 et 49 G4M1, provenant des îles Marshall, arrivèrent à Rabaul par petits -groupes.

En août 1943, les unités aériennes de la marine nippone dans la zone sud-est se répartissaient ainsi : 201e Kokutai, 204e Kokutai, 251e Kokutai, 253e Kokutai et 262e Kokutai, dotés de A6M3 et du nouveau chasseur Mitsubishi A6M5 modèle 52 ; 501e Kokutai et 582e Kokutai, avec des Aichi D3A1 et un petit nombre de Yokosuka D4Y2 Suisei ; 705e Kokutai et 751e Kokutai, ainsi qu'une partie du 752e Kokutai, équipés de G4M1 ; enfin, 851e Kokutai, 938e Kokutai et 958e Kokutai, pourvus d'hydravions Aichi E13A1, de Mitsubishi F1M2 et de Kawanishi H8K Emily.

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Groupe de pilotes Japonais du Kokutai Tainan à Rabaul

Des affrontements d'une grande violence se déroulèrent à l'occasion des débarquements alliés en Nouvelle-Géorgie. L'amiral Koga envoya les groupes du Hiyo et du Junyo (2e Kokusentai) à Kahili et Ballale pour y intégrer la Ve force d'attaque (Koku Kushu Butai), du commandant Mitsugu Kokufuda. Le 21 juin 1943, le 4th Marine Raider Battalion débarqua à Wickham, en Nouvelle Géorgie, ouvrant la voie à la conquête de Munda ; le 30 juin, l'île de Rendova était envahie. Dans les journées du 20 au 22 août, les Japonais se retirèrent des îles de la Nouvelle-Géorgie, tandis que les unités des ComAirSols prenaient le contrôle des aérodromes de Munda, Bairoko, Ondonga et Segi Point.

Le 14 septembre, les ComAirSols (Brigadier General F.P. Mulcahy), aidés par des unités de l'aviation néo-zélandaise, partirent à l'assaut des aérodromes de Buin, Kara, Kieta, Ballale, Buka, Bonis et Kahili (île Bougainville). A partir du 12 octobre 1943, Rabaul, déjà fréquemment touchée dans le passé, constitua la cible d'une campagne de bombardements massifs, conduite par la 5th Air Force, de Kenney. Le premier jour, 87 B-24, 114 B-25, 125 P-38 et 12 Beaufighter (de la RAAF) pilonnèrent les navires ancrés à Simpson Harbour, ainsi que les terrains de Vunakanau, Lakunai, Tobera, Rapopo et Keravat, où ils rencontrèrent l'opposition de 32 Zeke. Les résultats furent médiocres, un pétrolier de 6 000 t et quelques petits bâtiments étant coulés, tandis que deux A6M étaient abattus et 48 appareils détruits au sol. De leur côté, les Alliés avaient perdu cinq avions. Des raids répétés furent menés le 13, le 18 et le 29 octobre, ainsi que le 2 novembre. Trois jours plus tard, le Task Group 58.3, de Sherman (USS Saratoga et USS Princeton), envoya 52 Hellcat, 23 TBM-1 et 22 SBD-5 sur Rabaul ; 60 à 70 Zeke des 201e Kokutai, 204e Kokutai et 251e Kokutai décollèrent des pistes de Tobera et Vunakanau pour les intercepter. Mais les Américains parvinrent à endommager sérieusement les quatre croiseurs lourds mouillés à Simpson Harbour. L'US Navy organisa, le 11 novembre, un nouveau raid, qui contraignit Koga à retirer les groupes du 1er Kokusentai expédiés à Rabaul au début du mois ; en deux semaines, en effet, 43 ses 82 A6M, 38 de ses 45 D3A2 et 34 de ses 40 B5N2 avaient été anéantis. Tous les efforts que les Alliés consacraient à Rabaul avaient un but précis : assurer la couverture des débarquements de troupes au cap Torokina (Bougainville), qui avait eu lieu le 1er novembre.

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Groupe de pilotes Japonais du 253e Kokutai de Rabaul

Depuis les bases de l'île Bougainville, Rabaul se trouvait dans le rayon d'action des F4U-1 Corsair du VF-17 et dans celui des unités de l'US Marine Corps. Les 90 000 soldats japonais installés en Nouvelle-Bretagne, concentrés principalement aux environs de Rabaul, constituaient pour MacArthur et Halsey un problème particulièrement difficile à résoudre ; aussi laissèrent-ils les choses en l'état : désormais, Rabaul était isolée et facile à contourner. Pendant les mois de décembre 1943 et de janvier 1944, la base subit de fréquentes attaques; ses fragiles défenses reçurent bien le 22 janvier le renfort des groupes du Junyo, du Hiyo et du Ryuho - 62 A6M5, 18 D4Y2 et 18 Nakajima B6N2 Tenzan - mais les événements qui se déroulaient sur l'immense théâtre du Pacifique pesaient dorénavant d'un poids très lourd. Des éléments appartenant aux 25e et 26e flottilles, soit plus de 50 Zeke, défendirent Rabaul pour la dernière fois, le 19 février 1944, contre un raid mené par 145 TBF-1, SBD-5, F6F-3 et Corsair. Le lendemain, sur ordre de l'amiral Mineichi Koga, les forces aériennes japonaises quittèrent cette base pour Truk (Carolines), ne laissant sur place que quelques éléments de commandement.

Au cours des batailles des îles Salomon et de Rabaul (7 août 1942 - 20 février 1944), la puissance aérienne de la marine japonaise fut défiée, et en fin de compte battue, au terme d'une lutte très serrée. Au total, l'aéronautique navale nippone avait perdu 2 935 appareils, dont 1 467 chasseurs, 1 199 bombardiers-torpilleurs et 269 bombardiers en piqué, sans parler d'un grand nombre de pilotes et d'équipages expérimentés.

La campagne du Pacifique Centre, conformément à la ligne définie par la conférence Quadrant, qui s'était déroulée en août 1943, débuta le 1er septembre 1943 par l'occupation de l'île Baker, à l'est des îles Gilbert, et par les raids aériens sur Marcus. C'est au cours de ces opérations qu'entrèrent en action pour la première fois les porte-avions Essex (27 000 t) et Independence, ainsi que le nouveau chasseur Grumman F6F-3 Hellcat. Armé de six mitrailleuses de 12,7 mm et propulsé par un moteur Pratt & Whitney R2800-10 Double Wasp en étoile, le F6F-3 pouvait atteindre une vitesse de 600 km/h à 7 225 m d'altitude, ce qui lui conférait une supériorité de 32 km/h par rapport au plus récent des chasseurs de l'aéronavale japonaise, le Mitsubishi A6M5. Même s'il n'était pas aussi maniable que l'extraordinaire Reisen, le F6F-3 avait pour lui l'endurance et la puissance de feu, qualités qui devaient se révéler déterminantes. Autre modèle entrant en service, le Curtiss SB2C-1 Helldiver se présentait comme le successeur du Douglas SBD-5 Dauntless. Le Grumman F4F Wildcat, dans sa version General Motors FM-1, était embarqué sur de petits porte-avions.

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Vice-amiral Jisaburo Ozawa

En prévision de la campagne des îles Gilbert, la Ve flotte, de Spruance, rassemblait en son sein la plus vaste force de porte-avions jamais vue : le Yorktown, le Lexington et le Cowpens (Task Group 50.1) ; l'Enterprise, le Belleau Wood et le Monterey (TG-50.2) ; l'Essex, le Bunker Hill et l'Independence (TG-50.3) ; enfin, le vieux Saratoga et le Princeton (TG-50.4). En dehors du VB-17, tous ces navires disposaient de F6F-3, de SBD-5 et de. Grumman TBF-1 Avenger.

Les F6F-3 des VF-23 et VF-24 (Princeton et Belleau Wood) connurent leur baptême du feu au cours de l'opération sur l'île Baker, le 1er septembre. Ce jour-là, trois Kawanishi H8K du 801e Kokutai, basé à Tarawa, furent abattus alors qu'ils effectuaient des missions de reconnaissance. Entre le 1er septembre et le 6 octobre 1943, le TG-50 attaqua Marcus, Wake, Makin et Tarawa.

Les premiers atolls choisis comme objectifs des assauts amphibies de l'opération Galvanic étaient Betio (Tarawa) et Makin. La date prévue de l'opération était le 19-20 novembre 1943. Le Task Group 50 attaqua la flottille de 1'aéronavale japonaise (contre amiral Sumichi Kira) sur ses bases des îles Marshall, pendant que différentes cibles étaient prises à partie par les Consolidated B4H de la 7th Air Force basés à Funafuti. Les débarquements se déroulèrent comme prévu, Makin tombant sans difficulté ; mais à Betio, les troupes japonaises combattirent acharnement et infligèrent de lourdes pertes aux Marines. Au cours des raids conduits sur Roi, Maloelap et Mille (îles Marshall), les F6F-3 furent confrontés aux A6M3 du 252e Kokutai, tandis que les navires américains évitaient la plupart des assauts conduits par des Mitsubishi G4M2 et les bombardiers-torpilleurs Nakajima B6N2 Tenzan. Les équipages des G4M2 maîtrisaient parfaitement la technique des attaques nocturnes à la torpille, à l'aide de moyens pyrotechniques. Mais, à cet égard, les actions du 755e Kokutai posaient de graves problèmes au TG-50, qui manquait cruellement de chasseurs de nuit. Cependant, le 26 novembre, le Lieutenant Commander .J L. Phillips, à bord d'un TBF-1C du VT-6, parvint à abattre un premier appareil ennemi.

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Débris d'avions japonais après un bombardement

Au 31 décembre 1943, les pertes de la flottille nippone s'établissaient à 61 A6M, 58 G4M2, 21 Aichi D3A2 et Yokosuka D4Y Suisei, et 18 Tenzan. La pression sur Rabaul était telle qu'il fallut recourir à la majeure partie des réserves. Au tournant de l'année, la 22e flottille quitta les Marshall pour les Mariannes, laissant la place à la 24e flottille.

Les îles Marshall et Truk

Le 1er février 1944, jour des opérations de Roi et de Kwajalein, que devait suivre, le 18 février, l'invasion d'Eniwetok, les porte-avions rapides américains allaient mettre à rude épreuve la puissance aérienne nippone dans les iles Marshall.

Sur les 150 appareils de l'aéronavale japonaise en service à la date du 27 janvier, pas un seul ne se trouva en état de combattre au moment des divers débarquements. Du 29 janvier au 11 février 1944, la Task Force 58, de Mitscher, effectua 6232 sorties, lâcha 1 156 600 t de bombes, et perdit dix-sept F6F-3 et cinq TBF Avenger.

Le 17 février 1944, sur les terrains de Moen, Eten, Param et Dublon, les 24e et 26e flottilles mettaient en ligne 155 appareils - des A6M, G4M2, B6N2, D3A2 ainsi que des hydravions et des avions de transport -, sans parler de 180 machines en réparation. A l'aube de ce même jour, lorsque, à 145 km de Dublon Island, 72 F6F-3 s'envolèrent pour aller anéantir les défenses aériennes de Truk, Mitscher disposait du TG-58.1 (Enterprise, Yorktown et Belleau Wood), du TG-58.2 (Essex, Intrepid et Cabot) et du TG-58.3 (Bunker Hill, Monterey et Cowpens). Les 45 A6M5 du 204e Kokutai qui avaient pris l'air, ainsi que 18 A6M2-N du 902e Kokutai, attaquèrent les Hellcat à 6 h 10. Une trentaine de Zeke furent abattus, alors que tous les F6F-3, à l'exception de quatre, regagnèrent leurs porte-avions. Ce combat fut suivi d'un raid de dix-huit TBF-1, porteurs de bombes de fragmentation de 227 et 136 kg, sur Moen, Eten et Param. Des attaques qui visèrent les navires dans l'après-midi furent menées par des TBF-1, des SBD-5 et des SB2C-1 sous le feu nourri des batteries japonaises. L'unique contre-attaque eut lieu à 19 heures, quand six B6N2 parvinrent à atteindre d'une torpille l'Intrepid. A la fin de la journée, la Task Force 58, qui avait coulé l'équivalent de 200 000 t en bâtiments de surface, avait détruit 252 avions. Mineichi Koga, le commandant en chef du Kantai Rengo, sachant discerner la menace, avait transféré la plus grande partie de sa flotte des îles Truk aux îles Palau et à Singapour.

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L'attaque américaine sur les îles Truk, qui s'ajoutait à la perte de bases vitales dans les îles Gilbert et Marshall et à l'effacement de Rabaul, contraignit les Japonais à ramener leurs lignes de défenses sur les Mariannes, les Carolines orientales et les Palau. Le noyau des forces aériennes basées à terre de la marine nippone se trouvait dans les Mariannes (Guam, Tinian et Saipan.

La défaite de l'aéronavale japonaise

En novembre 1943, après la chute de Finschhafen, l'aéronavale japonaise retira le 7e Hikoshidan du complexe de Wewak et le transféra à Liang (Amboine), dans une zone relativement sûre. De ce fait, les forces de la IVe armée aérienne (Kokugun), du général Kunachi Teramoto, se trouvaient réduites au 6e Hikoshidan, placé sous les ordres du lieutenant-général Giichi Itabana, soit 150 à 175 Nakajima Ki-43 et Ki-61 Hien, Mitsubishi Ki-21, Kawasaki Ki-48 et Nakajima Ki49 Donryu. Le 4e Hikoshidan n'eut qu'un rôle limité pendant les débarquements alliés à Arawe, au cap Gloucester et à Saidor (2 janvier 1944). A ces éléments hétérogènes, la 5th Air Force, du Major General Kenney, opposait 803 chasseurs, 780 bombardiers, 173 avions de reconnaissance et 328 avions de transport ; toutefois, 54 % des appareils seulement étaient disponibles. La Royal Australian Air Force apportait le concours de 507 avions, principalement des Curtiss P-40N Warhawk, des Douglas Boston Mk III, des Bristol Beaufort TB Mk II, des Bristol Beaufighter Mk IC, VIC et X, des Lockheed Hudson, des Consolidated Catalina, des CAC Wirraway et des CAC CA-12 Boomerang.

Les débarquements organisés par MacArthur au début de 1944 avaient pour but de resserrer l'étau autour de Rabaul. D'où les opérations contre Green Island (15 février), les îles de l'Amirauté (29 février) et Emirau (20 mars 1944). Kenney lança une nouvelle offensive contre les bases du 4e Kokugun (Boram, Wewak, Dagua et But) le 11 mars, en prélude à l'opération Reckless, au cours de laquelle des soldats devaient débarquer 485 km plus haut sur la côte, à Aitape et à Hollandia. Jusqu'au 27 mars inclus, la 5th Air Force et la RAAF firent d'incessantes « visites » à Wewak et à ses satellites : les Américains effectuèrent ainsi 1 543 sorties de bombardement, larguant 3 036 t de projectiles, tandis que ses P-40, P-38 et P-47D accomplissaient 911 sorties. Les réactions de la chasse japonaise furent décousues, le seul temps fort étant le décollage de Dagua et Boram, le 11 mars, de 40 à 50 Ki-43 et Ki-61 escortés d'un petit nombre de Nakajima Ki44. Le 25 mars, Teramoto transféra son quartier général de Wewak à Hollandia, où se trouaient on l'apprit le même jour - 260 avions, répartis entre les terrains de Sentani et Cyclops.

L'assaut sur Hollandia débuta à l'aube du 30 mars, quand, dans le sillage de sept B-24D porteurs de bombes à fragmentation de 9 kg, 57 Liberator, couverts par des Lockheed P-38J de Nadzab, pilonnèrent les terrains d'aviation. Les Lightning affrontèrent des Ki-43 et des Ki-61, divers combats ayant lieu entre avions américains et japonais, sans que rien de décisif en sorte. Le lendemain, un nouveau raid fut lancé sur le même objectif ; il fut répété le 2 avril, sans aucun succès, et enfin le 4 avril 1944. Cette fois, l'attaque fut particulièrement violente, 66 B-24D lâchant 492 bombes de 454 kg sur Hollandia, Cyclops et Sentani, tandis que les suivaient de près 96 Douglas A-20G et 76 North American B25J. Devant des assauts aussi puissants, les arrières du 4e Kokugun, en Nouvelle-Guinée, furent définitivement brisés. Itabana fut relevé de son commandement, le quartier général du 4e Kokugun étant contraint de se replier sur Manado, aux Célèbes, où il prit sous son contrôle les 6e et 7e Hikoshidan, forces comprenant environ 120 avions basés à Ambon, Ceram, Boroe et Halmahera.

MacArthur n'avait plus à se soucier que de la petite force de G4M2 (23e flottille) basée à Sorong, Jefman et Samate, dans l'extrémité ouest de la Nouvelle-Guinée. Il pouvait, sans gêne aucune, poursuivre la mise en oeuvre des débarquements amphibies qu'il avait programmés. Hollandia et Aitape furent envahies le 22 avril 1944, Wakde et Biak étant attaquées respectivement le 17 et le 27 mai ; enfin, Sansapor tomba le 30 juillet. Contournant Halmahera, les forces de la South West Pacific Area effectuèrent leur dernier grand pas avant l'invasion des Philippines, en installant des troupes à Morotai, le 15 septembre 1944. Certes, il restait à assurer - tâche interminable et dangereuse - le nettoyage des poches de résistance isolées. Mais le front des bases alliées en Nouvelle-Guinée était désormais solide.

La percée des mariannes

Après l'assaut sur Truk et les débarquements à Eniwetok, Kwajalein, Roi et Majuro, dans les Marshall, trois CV et trois CVL appartenant aux TG-58.2 et 58.3 prirent la route des Mariannes en vue d'un grand raid. A Tinian et à Saipan se trouvaient les restes des 22e et 26e flottilles, qui se remettaient de leurs récentes et très lourdes pertes. Le 21 février 1944, jour précédant le raid américain, le 1er Koku-Kantai, important commandement nouvellement formé et basé à Kanoya (Japon), sous les ordres du vice-amiral Kakuji Kakuda, envoya à Guam, Tinian et Saipan 120 appareils. Il s'agissait d’A6M5, de D4Y2, de G4M2 et de Nakajima J1N1-C Gekko. L'attaque des F6F-3, à l'aube du 22 février, montra bien la pertinence de ces mesures ; elle confirma également la puissance de l'aviation américaine embarquée. Après ce raid couronné de succès, des éléments de la Task Force 58 (Mitscher) prirent en chasse la 26e flottille nippone, et lui infligèrent de lourdes pertes dans les Palau, au cours des journées du 30 et 31 mars. Ils fournirent aussi le soutien des débarquements à Aitape et à Hollandia (21-24 avril), et décimèrent la 22e flottille, du contre-amiral Sumikawa, qui avait été entre-temps rééquipée, au cours d'une nouvelle sortie sur Truk les 29 et 30 avril. Chargée de couvrir en juin les opérations amphibies de Nimitz dans les Mariannes, la TF-58 attaqua les îles Marcus et Wake les 19 et 23 mai 1944, avant de se rapprocher du théâtre où elle devait intervenir.

 Pour le Rengo-Kantai, les Mariannes représentaient l'ultime barrière protégeant l'empire ; l'opération A-Go, montée par la marine japonaise, ne fut rien d'autre que la tentative de la dernière chance pour reprendre l'initiative sur l'US Navy, en s'appuyant sur une flotte reconstituée de porte-avions, épaulée par de puissantes forces aériennes basées au sol.

Inspiré de l'exemple de l'US Task Force, le Dai Ichi Kido Kantai fut formé le 1er mars 1944 et placé sous le commandement du vice-amiral Jisaburo Ozawa. Neuf porte-avions emportant 452 appareils constituaient l'échelon aérien de cette flotte, et se répartissaient en trois divisions possédant chacune son propre groupe. Le 601e Kokutai du 1er Kokusentai, dont le fer de lance était le Taiho (cette force disposait aussi du Zuikaku et du Shokaku), mettait en ligne 71 A6M5, 10 A6M2, 81 D4Y2, 9 D4Y1-C et 56 B6N2 équipés de torpilles type 94 modèle II de 450 mm. Le Hiyo, le Junyo et le Ryuho formaient le 2e Kokusentai, auquel était rattaché le 652e Kokutai.

En juin 1944, les forces aériennes basées à terre de l'aéronavale nippone avaient atteint une ampleur impressionnante sur le théâtre du Pacifique, avec les 484 appareils directement subordonnés au 1er Koku-Kantai dans les Mariannes, les 114 avions de la 61e flottille à Yap et dans les Palau, et, enfin, ceux de la 22e flottille à Truk, de la 23e flottille à Sorong (Nouvelle-Guinée occidentale) et de la 26e flottille d'Arima à Davao. A cela il fallait ajouter la présence à Guam et à Tinian d'une force de 120 bombardiers.


06/10/2013
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BOMBARDEMENT ATOMIQUE

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Le Japon avec les deux villes détruites en 1945

Bombardements Atomiques d'Hiroshima et Nagasaki

Les bombardements Atomiques d'Hiroshima et Nagasaki ont eu lieu les 6 et 9 août 1945 à l'initiative des États-Unis après que les dirigeants japonais eurent décidé d'ignorer l'ultimatum de Potsdam. La cessation des hostilités fut effective 6 jours après. La Seconde Guerre mondiale se conclut officiellement moins d'un mois plus tard par la signature de l'acte de capitulation du Japon le 2 septembre 1945. Ce sont les seuls bombardements nucléaires ayant eu lieu en temps de guerre.

Le nombre de décès est difficile à définir et seules des estimations sont disponibles. Le Département de l'Énergie des États-Unis (DOE) avance les chiffres de 70 000 personnes pour Hiroshima et de 40 000 personnes pour Nagasaki, tuées par l'explosion, la chaleur, et l'incendie consécutif. À ceci, s'ajoutent les décès apparus par la suite en raison de divers types de cancers (334 cancers et 231 leucémies observés) et de pathologies. Pour sa part, le musée du mémorial pour la paix d'Hiroshima avance le chiffre de 140 000 morts, pour la seule ville d'Hiroshima.

Les justifications des bombardements ont été le sujet de nombreux débats et controverses. Pour les opposants, ces bombardements, qui ont surtout tué des civils, ont été inutiles et sont des crimes de guerre, alors que pour les partisans de la décision, ils ont raccourci la guerre de plusieurs mois en provoquant la reddition du Japon et ont donc sauvé la vie de centaines de milliers de soldats américains, ainsi que de civils et de prisonniers sur le territoire de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale.

Les survivants des explosions, les hibakusha, sont devenus le symbole d'une lutte contre la guerre et les armes atomiques à travers le monde. Mais au Japon ils n'étaient pas reconnus comme survivants et ont été laissés à leur sort, car les explosions d'Hiroshima et de Nagasaki ont longtemps été un sujet tabou.

Un projet de longue haleine

Le projet de nom de code projet Manhattan a été initié en 1942, trois ans avant la fin de guerre, mais moins de 7 mois après l'entrée en guerre des États-Unis. Les bombes à l'uranium et au plutonium, développées en parallèle et en secret par les États-Unis (avec l'assistance du Royaume-Uni et du Canada, ainsi que de nombreux savants européens) étaient les deuxième et troisième engins à devoir être utilisés et sont restés les seuls déployés depuis cette date sur un théâtre d'opérations.

Trinity

Le premier essai d'une bombe atomique, Trinity (surnommée le gadget en partie du fait que ce n'était pas une arme opérationnelle), eut lieu dans un désert du Nouveau-Mexique le 16 juillet 1945, sur la base aérienne d'Alamogordo. C'était un modèle au plutonium, car les Américains avaient plus de doutes sur cette technologie que sur celle à l'uranium.

La décision

La décision de lancer les bombes sur le Japon fut prise par le président américain Harry S Truman pour plusieurs raisons que les historiens se sont efforcés d'analyser, pondérer ou écarter : satisfaire l'opinion publique en vengeant les soldats tués sur le front du Pacifique, réduire la durée de la guerre et éviter un débarquement sur l'archipel, mettre en place une stratégie pour contrer l'Union Soviétique et avoir une force de frappe dissuasive ou encore justifier un programme dont le coût avait été exorbitant. Comme il est détaillé dans la discussion à la fin de cet article, le fait que les bombardements atomiques aient été ou non justifiés reste depuis lors un sujet de controverse.

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Champignon atomique produit par l’explosion sur Hiroshima, le 6 août 1945

La réunion du Comité des objectifs à Los Alamos les 10 et 11 mai 1945, choisit les cibles sur le territoire japonais dans cet ordre :

Kyōto ; Hiroshima ; Yokohama ; L’arsenal de Kokura ; Niigata ; Le palais impérial à Tōkyō (incertain).

Selon Robert Jungk (traduction libre) :

Sur la courte liste des cibles pour la bombe atomique, en plus de Hiroshima, Kokura et Niigata, il y avait aussi la ville des temples, Kyōto. Quand l'expert sur le Japon, le professeur Edwin O. Reischauer, entendit cette terrible nouvelle, il se rendit précipitamment dans le bureau de son chef, le major Alfred MacCormack, dans un département des services de renseignement de l'armée. Le choc le fit fondre en larmes. MacCormack, un avocat cultivé avec le respect de la vie humaine, arriva à persuader le secrétaire de la guerre Henry L. Stimson d'accorder un sursis à Kyōto et de retirer la ville de la liste.

J'aurais probablement fait ça si j'en avais eu l'occasion, mais ce récit ne contient pas une once de vérité. Comme il a déjà été amplement prouvé par mon ami Otis Cary de Doshisha à Kyōto, la seule personne qui mérite les honneurs pour avoir sauvé Kyōto de la destruction est Henry L. Stimson, le secrétaire de la Guerre de l'époque, qui avait connu et admiré Kyōto depuis sa lune de miel plus de trois décennies auparavant.

Cette affirmation est partiellement confirmée par Richard Rhodes qui décrit le refus de Stimson au sujet du bombardement de Kyōto, allant contre la volonté du général Leslie Groves.

Le 31 mai 1945, Stimson réunit les principaux acteurs militaires et scientifiques du projet Manhattan. Ils discutèrent des inconvénients liés à un avertissement donné aux Japonais avant l'attaque. Ils craignaient que les Japonais ne déplaçassent des prisonniers de guerre en direction des zones prévues pour le bombardement ou que les appareils soient abattus. Il se pouvait aussi que la bombe soit un fiasco avec une explosion incomplète. Edward Teller proposa de faire exploser la bombe de nuit, sans avertissements, au-dessus de la baie de Tōkyō pour éviter les pertes humaines et choquer l'opinion. Cette idée fut rejetée : les Japonais avaient déjà prouvé leur combativité sans limite avec les kamikazes (avions suicides) et il n'était pas sûr qu'une action sans destruction massive soit suffisante pour les déstabiliser.

Oppenheimer suggéra d'attaquer avec plusieurs bombes le même jour pour définitivement stopper la guerre. Le général Groves s'y opposa car les cibles avaient déjà fait l'objet de bombardements conventionnels et que les effets des bombes ne seraient pas assez significatifs sur ces terrains déjà dévastés. De plus, les estimations à cette date sur la puissance d'une explosion nucléaire (aucun test n'ayant été effectué) ne correspondaient au mieux qu'à la moitié, au pire à un dixième de ce qui allait être réellement le cas. Les effets n'étaient pas encore précisément connus. Ce n'est qu'après le test de Trinity que la nature de la mission put être scellée.

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Vue d’Hiroshima, peu après le bombardement

La réaction du Japon à l'ultimatum de Potsdam

Les délibérations entre Hirohito, le cabinet et l'état-major, démontrent que l'Empire du Japon n'était pas sur le point de se rendre sans condition. Les archives japonaises et le journal du garde des sceaux Kôichi Kido indiquent que l'empereur et le cabinet insistèrent pour obtenir une reddition conditionnelle, alors que le gouvernement menait des négociations parallèles avec l'Union soviétique. Parmi ces conditions se trouvaient le désarmement des troupes par les autorités japonaises, le jugement des criminels par les autorités japonaises, l'absence de forces d'occupation en sol japonais et la préservation du régime impérial et de l'Empereur.

En réponse à la déclaration de Potsdam du 26 juillet, le gouvernement japonais organisa le 28 une conférence de presse au cours de laquelle le premier ministre Kantarō Suzuki annonça l'intention du Japon d'ignorer (mokusatsu) l'ultimatum. Une ambiguïté subsiste cependant quant à l'attitude de Suzuki : favorable à la capitulation, il devait cependant composer avec la faction belliciste de l'armée, et avait peut-être souhaité, par cette expression, exprimer un simple refus d'aborder la question en public, ou signifier que l'ultimatum n'apportait rien de nouveau. Le terme fut cependant compris par les Etats-Unis comme un refus catégorique de toute reddition.

Entre le 27 juillet et le 6 août, alors que Hirohito faisait l'objet d'intenses pressions de ses frères et de ses oncles lui demandant d'abdiquer en faveur de son fils, le gouvernement se réfugia dans le mutisme. Dans l'attente d'une issue aux négociations menées avec les Soviétiques, l'empereur ordonna le 31 juillet au garde des sceaux Kôichi Kido de prendre les mesures pour défendre à tout prix les insignes impériaux.

Le 2 août, Shigenori Tōgō, le ministre des Affaires étrangères, transmit à l'ambassadeur nippon à Moscou, Naotake Satō, un message lui indiquant que l'empereur, le premier ministre et le Quartier général impérial plaçaient tous leurs espoirs dans l'acceptation, par l'Union soviétique, d'une mission de paix menée par le prince Fumimaro Konoe. L'ambassadeur répliqua en recommandant au gouvernement d'accepter les termes de l'ultimatum de Potsdam.

Pressé par l'empereur, désireux de protéger ses prérogatives, Tōgō refusa toute négociation directe avec les autres alliés même lorsque Kaina, le président du bureau d'espionnage lui déclara le 4 août : Ce n'est pas assez de négocier seulement avec l'Union soviétique. Il n'y a pas d'espoir si nous continuons comme ça. De quelque façon, en coulisse, nous devons négocier avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine.

L’ordre d’attaquer

Seules quelques personnes sont au courant des ordres donnés par le président Truman. Le 21 juillet 1945, le président approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 24 juillet, l'ordre est relayé par le secrétaire de la Guerre, Henri Stimson. Le 25 juillet, le général Thomas Handy envoie un ordre secret au général Carl A. Spaatz, ce sera le seul ordre écrit concernant l'utilisation de la bombe atomique. Le 28 juillet, le Japon refuse l'accord de Potsdam et l'utilisation de la bombe paraît alors inéluctable aux militaires américains.

Hiroshima durant la Seconde Guerre mondiale

Située dans la région de Chūgoku sur le delta du fleuve Ota, la ville était divisée en sept îles.

Des camps de l'armée s'étaient installés dans les environs. Parmi les plus importants, on y trouvait ceux de la 5e Division et le centre de commandement du général Hata. Celui-ci gérait l'ensemble de la défense de la partie méridionale de l'archipel. Le quartier général de la seconde armée était situé dans un secteur montagneux de la ville à 10 kilomètres du centre, dans le château de Hiroshima.

Hiroshima était un centre d'approvisionnement important et une base logistique pour les militaires nippons. La ville était un centre de communications, un lieu de stockage et de rassemblement pour les troupes. La population de Hiroshima fut mobilisée, comme d'autres cités japonaises, contre l'envahisseur américain : les femmes et les enfants apprenaient à se battre avec des bâtons et à supporter l'effort de guerre que ce soit dans les bureaux ou les usines.

Juste en face du port de la ville, sur l'île d'Okinoshima, était établie une usine de fabrication de gaz toxique affiliée au réseau d'unités de recherche de Shiro Ishii. Avec l'expansion de l'empire, au cours de l'ère Showa, différents types d'armes chimiques y furent produites comme le gaz moutarde, l'ypérite, le Lewisite et le cyanure. Ces gaz étaient notamment utilisés contre les soldats et les civils chinois ainsi que dans les expérimentations sur des humains par les unités de Shiro Ishii.

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Août 1945, les ruines de la cathédrale Murakami sont visible à gauche

La cité fut choisie comme cible, car elle n'avait pas encore subi de raids aériens : elle constituait une zone idéale pour évaluer l'impact de la bombe atomique. Le centre de la ville possédait plusieurs bâtiments en béton armé, de même que des constructions moins solides. En périphérie, les habitations en bois côtoyaient les petits commerces, formant une dense collection de structures légères. Quelques usines s'étaient implantées dans la banlieue. Le risque d'incendie était élevé à Hiroshima : la concentration des bâtiments et les matériaux utilisés étaient propices à une destruction maximale grâce aux effets thermiques de la bombe.

Les informations concernant le nombre de personnes présentes dans la ville lors du bombardement sont très variables, allant de 255 000 à 348 000 habitants. Les estimations données par les troupes et les travailleurs sont probablement imprécises. Le rapport américain indiquant 255 000 habitants s'était appuyé sur les statistiques de rationnement de riz de juin 1945.

Deux heures après la réussite de l'essai Trinity, les bombes Fat Man et Little Boy prirent le départ depuis San Francisco en direction de Tinian à bord du croiseur Indianapolis. Les Américains avaient prévu deux attaques supplémentaires si la première ne se révélait pas suffisante. Le 26 juillet 1945, elles arrivèrent sur la base américaine. Le 28 juillet et le jour suivant, quatre avions Green Hornet s'envolèrent depuis l'Australie pour apporter les derniers composants nécessaires aux bombes : le cœur en plutonium pour Fat Man et les cylindres en uranium pour Little Boy.

Le capitaine de l'US Navy William Parsons était chargé de la maintenance et l'organisation de l'assemblage des bombes sur place. Il mit en place les différents ateliers nécessaires à cette opération, car on ne savait pas encore combien de bombes seraient employées pour venir à bout du Japon. Pendant ce temps aux États-Unis, la production de matière fissile continuait pour une troisième bombe.

Le seul vecteur possible pour la bombe était le Boeing B-29 Superforteresse, unique bombardier lourd capable d'atteindre le Japon à l'époque dont une vingtaine d'exemplaires modifiés pour emporter cette nouvelle arme furent construits durant l'été 1945 à l'usine Glenn L. Martin d'Omaha et une unité spécialement créée pour le bombardement nucléaire fut mise sur pied, le 509th Composite Group.

Little Boy fut installée dans un B-29, mais ne fut pas armée. On craignait en effet que l'avion ne s'écrase et que la bombe ne se déclenche accidentellement, pulvérisant immédiatement l'île. Les accidents avec ces bombardiers étaient courants et les militaires ne voulaient pas prendre de risques. Il fut décidé que l'armement se ferait après le décollage, une des phases les plus délicates de la mission. L'équipe s'entraîna sans relâche pour peaufiner la mission et plus particulièrement Parsons qui était chargé d'armer la bombe en vol avec toutes les responsabilités que cela impliquait.

Le commandant de bord Paul Tibbets décida ensuite de baptiser le B-29 avec un nom unique, celui de sa mère (Enola Gay), pour placer l'avion et son équipage sous une bonne étoile comme il le dira lors d'une interview. Peu avant le décollage, des journalistes s'étaient amassés autour du bombardier pour immortaliser l'événement.

Le bombardement

Little Boy fut installée dans un B-29, mais ne fut pas armée. On craignait en effet que l'avion ne s'écrase et que la bombe ne se déclenche accidentellement, pulvérisant immédiatement l'île. Les accidents avec ces bombardiers étaient courants et les militaires ne voulaient pas prendre de risques. Il fut décidé que l'armement se ferait après le décollage, une des phases les plus délicates de la mission. L'équipe s'entraîna sans relâche pour peaufiner la mission et plus particulièrement Parsons qui était chargé d'armer la bombe en vol avec toutes les responsabilités que cela impliquait.

Le commandant de bord Paul Tibbets décida ensuite de baptiser le B-29 avec un nom unique, celui de sa mère (Enola Gay), pour placer l'avion et son équipage sous une bonne étoile comme il le dira lors d'une interview. Peu avant le décollage, des journalistes s'étaient amassés autour du bombardier pour immortaliser l'événement.

Hiroshima était la cible prioritaire pour le bombardement. Le 6 août 1945, le temps était clair au-dessus de la ville. Plusieurs B-29 (dont Jabbit III pour Kokura et Full House pour Nagasaki) avaient été envoyés sur les autres cibles si la mission sur Hiroshima venait à être détournée, mais les autres villes étaient toutes couvertes par des nuages. Le B-29 piloté par Paul Tibbets était parti à 2h45 de l'île de Tinian. L'avion transportait avec lui la bombe Little Boy. Celle-ci fut armée en vol par le capitaine de marine William Parsons après le décollage.

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Vue aérienne de Nagasaki avant l’explosion

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Après l’explosion

Environ une heure avant le bombardement, les Japonais avaient détecté l'approche d'un avion américain sur le sud de l'archipel. L'alerte fut déclenchée avec des annonces à l'attention de la population et un arrêt des programmes de la radio dans plusieurs villes. L'avion survola Hiroshima et disparut. Cet avion était en fait le B-29 de reconnaissance, Straight Flush, qui signala les bonnes conditions de visibilité pour le bombardement. Les radars japonais détectèrent ensuite un nouveau groupe d'avions à haute altitude mais leur nombre peu élevé, seulement trois, fit que l'alerte fut levée après une dizaine de minutes. Les recommandations pour la population étaient de gagner les abris si un B-29 était visible, mais aucun raid n'était attendu mis à part de la reconnaissance.

Il s'agissait en fait des trois B-29 du raid sur Hiroshima qui évoluaient à plus de 9 500 mètres d'altitude :

Enola Gay (bombardement)

The Great Artiste (mesures et relevé de données)

Necessary Evil (photographies, films).

Le second lieutenant, Morris R. Jeppson, fut le dernier à toucher la bombe lorsqu'il plaça les fusibles d'armement. Peu avant 8h15, Enola Ga y arriva au-dessus de la ville. L'ordre de bombarder fut donné par Tibbets, le major Thomas Ferebee s'exécuta en visant le pont Aioi en forme de T, celui-ci constituant un point de repère idéal au centre de la ville. Peu après 8h15, la bombe Little Boy sortit de la soute à une altitude de 9 450 m. À 8h16m2s, après environ 43 secondes de chute libre, activée par les capteurs d'altitude et ses radars, elle explosa à 580 mètres à la verticale de l'hôpital Shima, en plein cœur de l'agglomération, à 170 m au sud-est du pont visé, libérant une énergie équivalente à environ 15 000 tonnes de TNT.

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Le champignon atomique

Une énorme bulle de gaz incandescent de plus de 400 mètres de diamètre se forma en quelques fractions de secondes, émettant un puissant rayonnement thermique. En dessous, près de l'hypocentre, la température des surfaces exposées à ce rayonnement s'est élevée un bref instant, très superficiellement, à peut-être 4000°C. Des incendies se déclenchèrent, même à plusieurs kilomètres. Les personnes exposées à ce flash furent brûlées. Celles protégées à l'intérieur ou par l’ombre des bâtiments furent ensevelies ou blessées par les projections de débris quand quelques secondes plus tard l'onde de choc arriva sur elles. Des vents de 300 à 800 km/h dévastèrent les rues et les habitations. Le long calvaire des survivants ne faisait que commencer alors que le champignon atomique, aspirant la poussière et les débris, débutait son ascension de plusieurs kilomètres.

Un énorme foyer généralisé se déclencha rapidement avec des pics de température en certains endroits. Si certaines zones furent épargnées lors de l'explosion, elles devaient par la suite affronter un déluge de feu causé par les mouvements intenses des masses d'air. Cette « tempête de feu » fut similaire à celles observées lors des bombardements incendiaires sur les villes allemandes.

Enola Gay avait entre-temps effectué un virage serré à 155° vers le nord-ouest et rebroussait chemin. Les membres de l'équipage, protégés par des lunettes, purent assister à l'explosion. Bob Lewis, le copilote d'Enola Gay, s'écrie : Mon Dieu, qu'avons-nous fait ? Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l'esprit.

Le bombardier rentra à Tinian où l'équipage fut décoré pour sa mission et où une grande fête les attendait. Les deux autres B-29 chargés de récupérer des données restèrent suffisamment longtemps autour du site de l'explosion pour photographier le champignon atomique et les dégâts, filmer les alentours et recueillir des informations sur la mission.

Découverte de la destruction par les Japonais

L'opérateur chargé des liaisons radio à Tōkyō, un employé de la Nippon Hōsō Kyōkai, remarqua que la station de Hiroshima ne répondait plus. Il tenta de rétablir la communication via une autre ligne téléphonique, celle-ci s'était également tue. Environ vingt minutes plus tard, le centre ferroviaire qui gérait les télégraphes à Tōkyō réalisa que la ligne principale avait cessé de fonctionner jusqu'au nord de Hiroshima. Tous ces problèmes furent l'objet d'un rapport auprès du poste de commandement japonais.

Le commandement principal tenta à plusieurs reprises d'appeler le centre de commandement de l'armée à Hiroshima. Le silence qui s'ensuivit laissa dubitatifs les responsables de Tōkyō. Ils savaient qu'aucun raid ennemi avec un grand nombre d'avions n'avait eu lieu, les radars n'avaient signalé que quelques avions ici et là. De plus, aucun stock important d'explosifs ne se trouvait à Hiroshima à ce moment-là. Un jeune officier du quartier général japonais fut alors envoyé d'urgence à Hiroshima par avion pour constater les dégâts et retourner à Tōkyō avec des informations sur des destructions potentielles. On pensait qu'il s'agissait juste de quelques lignes coupées par un bombardement isolé.

L'officier se rendit à l'aéroport et prit son envol en direction du sud-ouest. Après trois heures de vol, son pilote et lui distinguèrent un immense nuage de fumée au-dessus de Hiroshima. L'appareil se trouvait pourtant à 160 kilomètres et ne tarda pas à survoler la zone. Ils ne cessèrent de tourner autour de la ville dévastée, les deux membres à bord ne pouvaient croire ce qu'ils voyaient : des incendies à des kilomètres à la ronde, un épais nuage entourant la ville et plus que des ruines. L'avion atterrit au sud de la ville et l'officier prit des mesures après en avoir informé Tōkyō.

La capitale ne sera informée de la cause exacte du désastre que seize heures plus tard. C'est à ce moment que la Maison blanche fit l'annonce publique à Washington.

Pendant ce temps à Hiroshima, les secours tardaient à venir et nombreux furent ceux qui périrent durant les premières heures. Une intense soif gagna les habitants, les victimes cherchaient désespérément de l'eau, mais les soldats avaient reçu l'ordre de ne pas donner à boire aux grands brûlés.

Retombées radioactives

Quelques heures après l'explosion, le nuage atomique ayant atteint des zones plus froides et s'étant chargé d'humidité, la pluie se mit à tomber sur Hiroshima. Elle contenait des poussières radioactives et les cendres qui lui donnaient une teinte proche du noir, et a été de ce fait désignée par le terme de black rain dans la littérature anglo-saxonne.

 

Les retombées de produits de fission entraînés par la pluie ont été relativement limitées, comparées à celles consécutives à une explosion au sol Elles ont porté sur une zone de 30 x 15 km2 au nord-ouest du point d'explosion ; et on estime qu'elles ont entraîné une exposition externe cumulée de 1.8 à 44 rad, c'est à dire de 18 à 440 m Gy (au plus de l'ordre de 0,5 Sievert). Ces niveaux d'exposition sont insuffisants pour entraîner les effets déterministes du syndrome d'irradiation aiguë, mais pour les personnes les plus fortement exposées (plus de 0,1 Sv), peuvent conduire à long terme à des effets stochastiques faible mais statistiquement détectables. Par exemple 0,5 Sv (maximum) pourraient correspondre en théorie à un risque de survenue de cancer de 2,5%.

Le nombre des victimes ne sera sans doute jamais connu car les circonstances (ville en partie évacuée, présence de réfugiés venant d'autres villes, destruction des archives d'état civil, disparition simultanée de tous les membres d’une même famille, crémations de masse) rendent toute comptabilité exacte impossible, en particulier des morts survenues dans les premières heures.

D’après une estimation de 1946 : La population au moment de l’attaque aurait été de 245 000 habitants, de 70 000 à 80 000 auraient été tués et autant blessés.

D’après une estimation de 1956 : sur une population de 256 300 personnes, 68 000 furent tuées et 76 000 blessées.

D’après une autre plus récente : Sur une population de 310 000, de 90 000 à 140 000 personnes furent tuées.

D'après le maire d’Hiroshima lors d'un discours politique en 2005, le total des morts s’élèverait à 237 062 personnes, mais ce nombre est à prendre avec précautions.

Blessures liées au flash lumineux et aux incendies

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Les brûlures sur le corps de cette femme suivent le motif de son kimono. Les parties foncées du tissue ont absorbé le rayonnement thermique, se sont échauffées et ont brûlé la peau en contact. Alors que les parties claires ont réfléchi le rayonnement et protégé la peau

Ces types de blessures retrouvées chez 65% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki, furent responsables peut-être de 50% des décès, causés par plusieurs mécanismes :

Brûlures de la peau découverte par le rayonnement thermique émis pendant une fraction de seconde au moment de l'explosion. Le moindre obstacle opaque a pu apporter une certaine protection : le port de vêtements, en particulier clairs, l’ombre des bâtiments, le feuillage des arbres... C'est peut-être la blessure la plus caractéristique d'une explosion nucléaire.

Des brûlures du premier degré (érythème évoquant un coup de soleil) furent observées à plus de 4 km (occasionnellement 5 km) de l'hypocentre.

Des brûlures du troisième degré (mortelles si étendues) sur la peau nue jusqu'à 1,5 km (occasionnellement 2,5 km).

Les personnes proches de l'hypocentre dont les parties du corps furent exposées au flash ont été instantanément carbonisées jusqu’à l'hypoderme. Elles agonisèrent de quelques minutes à quelques heures (le rayonnement thermique était de l'ordre de 100 c/cm² libéré en l'espace de 0,3 seconde, ce qui est quinze fois plus important que ce qui provoquerait normalement une brûlure au troisième degré).

On estime que le rayonnement thermique a été responsable directement d’environ 20 à 30% des morts à Hiroshima et Nagasaki.

Brûlures par les flammes : De nombreux incendies éclatèrent dans la ville après l'explosion : en vingt minutes, les feux se réunirent en un seul foyer généralisé, provoquant l'apparition d'une colonne d'air chaud et de vents violents. Cette tempête de feu dura 16 heures et dévasta 11 km2, ce qui ne laissa que peu de chances aux victimes, souvent déjà blessées, qui y étaient piégées. Contrairement aux raids incendiaires conventionnels, l'attaque d'Hiroshima limita considérablement les possibilités de fuite de la population en détruisant une large zone. Ce n'est que lorsque l'ensemble du combustible fut épuisé que le feu s'arrêta. Le nombre des décès liés aux incendies est sans doute très important mais impossible à estimer, car beaucoup de corps ont été détruits par les flammes.

Un effet secondaire, mais tout aussi mortel, fut l'apparition d'une grande quantité de monoxyde de carbone. Ce gaz entraîna l'asphyxie au milieu du foyer et il y eut certainement peu de rescapés. Cependant, aucun témoignage ne confirme l'assertion d'un dégagement massif de CO.

Enfin, ceux qui avaient les yeux pointés vers la boule de feu eurent la rétine brûlée ou endommagée, provoquant des cécités (le plus souvent réversibles). Cette soudaine incapacité à se déplacer empêcha un grand nombre de personnes de trouver un abri et d'échapper à la mort alors que les incendies se développaient.

Blessures liées à l’onde de choc et à l’effet de souffle

Ces types de blessures furent retrouvés chez 70% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki, mais elles étaient rarement graves. L’hypothèse la plus probable est qu’immobilisés les blessés graves ont été condamnés quand les incendies se sont développés dans les décombres.

Barotraumatisme (effet direct) : lésions internes par rupture des tympans, des sinus, des poumons ou du tube digestif dues à la variation brutale de la pression au passage de l'onde. De telles lésions ont été peu observées (on n’a retrouvé de lésion des tympans, l’organe le plus fragile, que chez moins de 10% des survivants proche de l’hypocentre).

Effet indirect, et sans doute bien plus meurtrier :

Le passage de l'onde de choc provoqua l'effondrement des bâtiments (jusqu'à 2 km dans le cas des habitations en bois). On estime qu’un grand nombre de victimes succombèrent ensevelies sous les décombres, d'autant que des incendies s'y développèrent rapidement.

En se brisant, le bois, le verre et les autres matériaux de construction se transformèrent en des projectiles mortels. Des blessés présentaient des lacérations jusqu'à 2 km de l'hypocentre.

Le souffle déplaça brutalement les victimes et les blessa par chute ou écrasement. Il y a plusieurs causes d’irradiation :

La principale cause a été l'irradiation instantanée au moment de l'explosion (irradiation externe par neutrons et rayons γ émis par les réactions nucléaires dans la bombe). Elle a représenté une dose létale pour 50% des personnes exposées à l’extérieur (soit 4 Gy) à un peu plus de 1 km de distance de l’hypocentre. Les bâtiments, en particulier ceux en béton, ont apporté une certaine protection.

Beaucoup moins importante (car la bombe a explosé loin du sol) est l'irradiation par la radioactivité induite (activation neutronique) : Au moment de l'explosion, le bombardement par les neutrons a rendu les matériaux près de l'hypocentre radioactifs par formation de radionucléides. Cette radioactivité a diminué rapidement et est restée confinée à une zone où le rayonnement thermique avait normalement déjà presque tout tué. On estime qu'elle représentait le premier jour, au maximum, une dose cumulée de 0,6 Gy. Du deuxième au cinquième jour, elle représentait moins de 0,1 Gy. En quelques jours elle est devenue insignifiante.

Encore moins importante, l'irradiation suite aux retombées radioactives : c'est-à-dire irradiation par les radionucléides produits lors de l'explosion et retombant du nuage atomique sous forme de poussières ou de pluie noire. À Hiroshima, l’explosion ayant été aérienne, il y eut assez peu de retombées car le nuage s'éleva rapidement à très haute altitude où les radionucléides se dispersèrent (dose cumulée totale maximum au sol de 0,4 Gy).

Les signes d’irradiation ont été retrouvés chez 30% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki, responsable peut-être de 5 à 15% des décès, souvent par syndrome d'irradiation aiguë. Le nombre exact des décès liés au syndrome d'irradiation aiguë est difficile à déterminer car la plupart de ces victimes présentaient également des brûlures thermiques étendues, rapidement fatales avec une symptomatologie générale assez semblable. Aucun effet des radiations n'a été mis en évidence au delà de 2,4 km de l’hypocentre.

La principale manifestation a donc été le syndrome d'irradiation aiguë: De quelques jours à quelques semaines après l’attaque, les victimes irradiées ont présenté une phase de prodromes avec asthénie, céphalées, nausées et vomissements. Après une phase de latence de quelques jours à quelques semaines au cours de laquelle l'état de santé des victimes semblait s’améliorer survenait une aggravation avec asthénie, céphalées, nausées, vomissements, diarrhées, immunodépression, perte des cheveux, hémorragies et éventuellement décès. Au bout de 4 mois et en l'absence de décès, l’évolution s'orientait vers la guérison.

Exposition in utero des fœtus, conséquence de l'irradiation de femmes enceintes. Il a été observé des morts in utero (avortement), des retards de croissance, des retards mentaux ou des malformations (non héréditaires).

Effets médicaux à long terme de l’irradiation

Les leucémies : À partir de 1947, une augmentation de l’incidence des leucémies a été observée parmi les survivants irradiés. Un maximum fut atteint en 1951, ensuite cette incidence a décliné pour disparaitre en 1985. Sur 50 000 survivants irradiés suivis de 1950 à 1990, il a été observé 89 cas de leucémies mortelles attribuables aux radiations (soit moins de 0,2% des survivants irradiés suivis).

Les cancers solides : Le suivi des survivants irradiés a montré, à partir de la fin des années 1950, une augmentation progressive de l’incidence des cancers, en particulier ceux du poumon, du tube digestif et du sein. Sur 50 000 survivants irradiés suivis de 1950 à 1990, il a été observé 339 cas de cancers mortels attribuables aux radiations (soit environ 0,6%).

Effets médicaux autres que les cancers chez les survivants irradiés : survenue de cataractes, de stérilité (souvent réversible chez l'homme), d’une augmentation de la fréquence des maladies (non cancéreuses) pulmonaires, cardiaques ou digestives avec une possible diminution de la durée de vie. Le nombre de ces décès semble égal au nombre ou à la moitié du nombre de ceux dus aux cancers et leucémies (soit environ de 0,5% à 1%).

Le nombre des morts dus aux effets à long terme des bombardements nucléaires est, d'après ces chiffres, dérisoires par rapport à celui des victimes des premiers mois. En mars 2007 au Japon, près de 252 000 personnes encore vivantes sont considérées « hibakusha » (survivants de la bombe). Mais, de ce nombre, moins de 1% (2242 exactement) sont reconnues comme souffrant d'une maladie causée par les radiations.

Effets sur la descendance de la population irradiée.

Les résultats du suivi des descendants des victimes d'Hiroshima et Nagasaki (30 000 enfants de parents irradiés, ce qui représente une population statistiquement significative) n'a pas permis d'observer une augmentation des malformations ou des troubles génétiques.

Résistance des constructions

Les bâtiments en béton armé au centre de Hiroshima étaient conçus selon des normes antisismiques. Leur structure résista en général aux incroyables contraintes provoquées par la proximité de l'explosion. Du fait de l'explosion aérienne, le souffle avait une direction plus ou moins perpendiculaire par rapport au sol, ce qui limita peut-être les dégâts. La résistance et la protection qu'offrirent ces structures sont mises en évidence par les chiffres suivants : les chances d'être encore vivantes 20 jours plus tard étaient de 50% pour les personnes qui se trouvaient au moment de l'explosion à:

200 m de l'hypocentre dans un bâtiment en béton (mais chance de survie finale: 12%). 675 m dans un bâtiment (non précisé, bâtiments scolaires). 2 km à l'extérieur d'un bâtiment.

Le Dôme, centre de promotion de l'industrie de Hiroshima dessiné par l'architecte tchèque Jan Letzel, était très proche de l'hypocentre. Ce bâtiment résista au souffle et fut renommé Mémorial de la paix de Hiroshima. Il fait partie des monuments de l'Unesco depuis 1996 malgré les protestations des États-Unis et de la Chine.

Les résidences traditionnellement en bois furent complètement rasées par le souffle jusqu'à une distance de 2 km de l'hypocentre. Au-delà et jusqu'à 3 km les dommages étaient importants mais réparables, à la condition qu'elles aient survécue aux incendies qui suivirent.

La réaction du gouvernement japonais

Le bombardement de Hiroshima ne modifia en rien l'attitude de Hirohito et du gouvernement qui continuèrent d'ignorer l'ultimatum de Potsdam et ne prirent aucune mesure pour amorcer le processus de reddition, espérant toujours une issue favorable aux négociations avec l'Union soviétique. Le 7 août, Shigenori Tōgō s'enquit encore auprès de l'ambassadeur Satō sur les intentions du gouvernement soviétique.

Interrogé sur la question de la responsabilité par rapport à la guerre et au bombardement de Hiroshima par un journaliste de Tōkyō le 31 octobre 1975, l'empereur se fit évasif et tenta de justifier son attitude : Nous n'avons pas étudié beaucoup cette question littéraire et en conséquence, nous ne la comprenons pas bien et ne pouvons répondre. Pour Hiroshima, c'est très regrettable que les bombes nucléaires aient été larguées et nous sommes désolés pour les citoyens de cette ville. Cela ne pouvait toutefois être empêché (shikata ga nai) car c'est arrivé en temps de guerre.

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Le 10 août 1945

Le second ultimatum

Peu après la destruction de Hiroshima et avant de lancer une autre bombe (Fat Man) sur Nagasaki, le président Truman lança un nouvel avertissement aux autorités japonaises (traduction du texte original) :

C'était pour épargner des vies japonaises d'une destruction totale que l'ultimatum du 26 juillet fut formulé à la Conférence de Potsdam. Leurs dirigeants ont immédiatement rejeté cet ultimatum. S'ils n'acceptent pas maintenant nos conditions, ils doivent s'attendre à un déluge de ruines venu des airs comme il n'en a jamais été vu de semblable sur cette Terre. Après cette attaque aérienne suivront des forces marines et terrestres en nombre et en puissance telles qu'ils n'en ont jamais vu et avec les aptitudes au combat dont ils sont déjà bien conscients.

Le 8 août, des bombardiers américains inondèrent plusieurs villes nipponnes de pamphlets appelant la population à renverser le gouvernement pour éviter une nouvelle catastrophe. Cette fois, le gouvernement japonais passa sous silence l'ultimatum et ne formula aucune réponse officielle, se concentrant sur une façon d'obtenir de l'Union soviétique la garantie que la Kokutai et les prérogatives de l'empereur seraient protégées.

Pris de court par le bombardement de Hiroshima, Staline mit un terme aux négociations avec le Japon et décida d'entrer en guerre contre celui-ci dès le lendemain.

Il existe une controverse sur la réaction du gouvernement japonais. Selon une autre version, les autorités japonaises entamèrent secrètement des pourparlers avec le gouvernement américain en vue d'une reddition, pourparlers qui reçurent une fin de non-recevoir par les Américains: le président Truman avait prévu que de toute façon, l'emploi d'une deuxième bombe était nécessaire, afin d'impressionner Staline,dans le cadre de la guerre froide qui s'annonçait et pour prouver que les Etats-Unis pouvaient produire autant de bombes atomiques qu'ils le désiraient. Cette version s'appuie entre autres sur le calendrier des événements: suite à l'entrée en guerre de l'Union soviétique le 9 août, (minuit deux à l'heure du Japon), la défaite de l'empire du Japon devenait certaine et sa reddition inéluctable. Pour couper l'herbe sous le pied des Soviétiques et négocier seules avec les Japonais, les autorités américaines décidèrent précipitamment le largage d'une deuxième bombe le 9 août, en dépit de conditions météorologiques défavorables.

Nagasaki durant la Seconde Guerre mondiale

La ville de Nagasaki était l'un des plus grands ports du sud du Japon et représentait un pion essentiel du complexe militaro-industriel japonais. Diverses industries y étaient implantées : fabriques d'équipements militaires, entreprises chargées de la munition et des bombes, usines pour la construction de navires et d'avions, etc.

Cet important effort de guerre nécessitait des moyens modernes qui contrastaient avec le reste de Nagasaki : les résidences étaient traditionnelles, avec des structures en bois. Les murs étaient en bois avec parfois du plâtre et les toits étaient couverts de tuiles. Les usines de tailles limitées et les bâtiments commerciaux étaient également construits en bois. Les structures ne pouvaient ainsi résister à de fortes explosions.

Nagasaki s'élargit pendant plusieurs années sans vraiment suivre un plan précis. Les habitations furent placées près des usines dans la vallée et la densité des constructions était élevée. Avant l'attaque atomique, Nagasaki n'avait jamais fait l'objet de bombardements à grande échelle. Le 1er août 1945, quelques bombes de forte puissance furent toutefois larguées sur la ville. Quelques-unes de ces bombes frappèrent le port et les constructions navales dans la partie sud-ouest de la ville. D'autres bombes visèrent les usines Mitsubishi et trois bombes sur six touchèrent l'hôpital de Nagasaki. Malgré des dégâts limités, l'impact sur la population fut important : une partie des enfants fut évacuée vers des zones rurales, accompagnée d'autres personnes.

Le bombardement

Le matin du 9 août 1945 à 3h49, le B-29 Bockscar partit de Tinian en direction du Japon. À son bord, la bombe Fat Man qui devait être larguée sur Kokura. Deux autres B-29 décollèrent peu après : Bockscar a rejoint le Nouveau-Mexique à la fin de la guerre. Des erreurs s'étaient glissées dans certains documents relatant les faits de Nagasaki. Il était question d'un autre bombardier, The Great Artiste. Quand l'erreur fut signalée, un comité se chargea de conserver Bockscar qui fut retiré du service en septembre 1946 et déplacé vers Tucson, Arizona. Il ne fit plus aucun vol jusqu'en septembre 1961 où il fut remis au National Museum of the United States Air Force. Piloté par Frederick Bock et The Big Stink piloté par le lieutenant-colonel Hopkins.

Après 10 minutes de vol, le commandant Ashworth activa la bombe en chargeant les fusibles et ordonna de ne pas descendre en dessous de 1500 mètres pour éviter une détonation accidentelle. Les trois avions devaient se donner rendez-vous au-dessus de l'île de Yakushima mais Bockscar ne rencontra que The Great Artiste. Pendant plus de 40 minutes, les deux bombardiers patientèrent en tournant autour de l'île. Pendant ce temps, les informations météorologiques données par les avions de reconnaissance arrivèrent : des nuages couvraient partiellement Nagasaki et Kokura mais le bombardement était normalement possible.

L'autre avion n'apparaissant pas, ils se dirigèrent vers Kokura. Arrivé au-dessus de la ville vers 10h20, l'équipage de Bockscar affronta un nouveau problème : la couverture nuageuse à 70% empêchait le bombardement. Après trois survols de Kokura, l'escadre se dirigea vers Nagasaki, la seconde cible, pour procéder à un bombardement visuel des principales usines de la ville. Bockscar dut cependant faire face à un nouvel imprévu avec l'impossibilité de disposer du carburant de réserve.

À 7 h 50, une alerte aérienne fut donnée à Nagasaki mais elle fut rapidement levée aux alentours de 8 h 30. Quand les avions apparurent au-dessus de la ville vers 10 h 56, les Japonais pensèrent qu'il s'agissait d'avions de reconnaissance, alors courants, et aucune alarme ne fut donnée.

Quelques minutes avant l'explosion de la bombe, The Great Artiste largua des instruments attachés à trois parachutes. Des messages à destination du professeur Ryukochi Sagane, un physicien spécialisé dans le nucléaire qui avait travaillé avec trois des membres du projet Manhattan, accompagnaient l'équipement parachuté. Les textes lui demandaient d'avertir le public japonais au sujet des dangers de la bombe atomique, mais ces lettres ne furent trouvées qu'à la fin de la guerre.

À 11 h 02, une percée dans les nuages sur Nagasaki permit au bombardier de Bockscar, le capitaine Kermit Beahan, de viser la zone prévue, une vallée avec des industries. Fat Man fut alors larguée et explosa à 469 mètres d'altitude. La détonation eut lieu entre les deux cibles potentielles : l'usine d'aciérie et d'armement de Mitsubishi au nord et l'usine de torpilles Mitsubishi-Urakami au sud.

 

Trois ondes de choc atteignirent les deux avions. The Great Artiste continua sa mission scientifique autour de Nagasaki pendant que Bockscar se dirigeait vers le sud. Le retour vers Tinian ne se fit pas sans encombre. Sans carburant de réserve, Bockscar risquait de devoir se poser en mer. Sweeney décida d'atterrir à Okinawa. C'est quasiment en planant que le bombardier arriva sur la piste, un moteur s'était déjà arrêté en vol. Une vingtaine de minutes plus tard, The Great Artiste atterrissait à son tour accompagné de The Big Stink qui s'était dirigé en solo vers Nagasaki pour prendre des photos.

Les trois avions firent le plein de carburant et retournèrent à Tinian où ils arrivèrent le 9 août à 23 h 30. On sait maintenant que les dizaines de minutes supplémentaires passées à attendre The Big Stink permirent à Kokura d'éviter le bombardement suite à une dégradation soudaine des conditions météorologiques.

De même que pour Hiroshima des incertitudes concernant le nombre des victimes existent à Nagasaki. Selon les mêmes sources que nous avions citées à propos de Hiroshima:

D’après l’estimation de 1946 : 35 000 personnes auraient été tuées et un peu plus blessées.

D’après celle de 1956 : sur une population de 173 800 âmes, 38 000 furent tuées et 21 000 blessées.

D’après la plus récente : Sur une population de 250 000, 60 à 80 000 personnes furent tuées.

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Fillette de 11 ans qui avait perdu ses cheveux plus d’une semaine après l’explosion. Elle se trouvait dans une maison en bois à 2 km de l’hypocentre

Pertes américaines

Le 18 juin 1945, lors d'une réunion avec le Président Truman, le Général Marshall, estima que les pertes (tués, blessés, disparus) des 30 premiers jours de l'invasion de Kyūshū pourraient s'élever à 31 000. Mais l'amiral Leahy fit remarquer qu’elles pourraient aussi être proportionnelles à celle de la bataille d'Okinawa, rendant le bilan bien plus coûteux. En effet, à Okinawa, 180 000 américains affrontèrent pendant 3 mois 120 000 japonais : les pertes américaines s'élevèrent à 48 000 (presque le tiers de l'effectif engagé). Avec l'opération Olympic, 767 000 soldats américains auraient dû affronter peut être 600 000 soldats japonais. Et l'opération Coronet aurait été encore plus meurtrière : 1,4 millions d'américains auraient affronté de 2 à 3 millions de japonais jusqu'à peut être la fin 1946. Après la guerre, le président Truman parla de projection de pertes pour l'armée américaine de 0,5 à 1 million. Si l'origine de ces chiffres est inconnue, l'ordre de grandeur ne paraît pas invraisemblable comparé au bilan d'Okinawa.

Pertes japonaises

Dans une autre perspective, il ne faut pas perdre de vue le coût humain d'une telle opération terrestre pour les Japonais. À Okinawa, les soldats de l'armée impériale s'étaient fait tuer presque jusqu'au dernier, et de nombreux civils étaient amenés à se suicider, généralement sous pression de l'armée qui organisait elle-même ces suicides collectifs. Et à cela se serait ajouté le bilan d’une ou deux années supplémentaires de famine et de privation pour les populations.

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Conférence impériale du 14 août au cours de laquelle l’empereur à (gauche) informa les membres du conseil suprême de son intention d’annoncer la reddition de l’empire du Japon pour le motif que l’ultimatum de Postdam et la réponse du secrétaire d’état américain offeraient des garanties suffisantes à la préservationm du Trône et du régime impérial.

Les prisonniers de guerre

Outre les arguments invoqués précédemment, les Américains pensaient que la bombe atomique serait une solution pour forcer le Japon à libérer les centaines de milliers de prisonniers de guerre et civils enfermés dans les camps de concentration japonais disséminés un peu partout en Asie.

La bombe serait également à même d'arrêter les atrocités japonaises en Chine et dans l'ensemble de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale, ainsi que le travail forcé pour les ressortissants de divers pays asiatiques. Le sort des prisonniers de guerre devint particulièrement préoccupant lorsque le ministre de la guerre ordonna le 1er août 1944 d'exécuter les prisonniers alliés si le Japon venait à être envahi. Il est également probable que le Japon eut mené de telles actions punitives en cas de famine prolongée.

En réponse à l'argument des pertes civiles et des crimes de guerre provoqués par l'utilisation de l'arme atomique, les partisans des bombardements mirent en avant le non-respect total de la convention de Genève par le Japon, que ce soit sur le plan militaire ou civil :

travail forcé des civils (y compris les femmes et les enfants), dont 10 millions de civils chinois enrôlés dans le seul Mandchoukouo; utilisation d'armes biologiques et d'armes chimiques contre la Chine, fabriquées par les unités de recherche de Shiro Ishii (dont notamment la peste à Changde, de l'aveu même d'accusés nippons au procès de Khabarovsk) expérimentation des armes bactériologiques et chimiques par ces mêmes unités sur des milliers de cobayes humains.

Crimes contre les prisonniers de guerre et les populations civiles.

L'attaque surprise à Pearl Harbor restait profondément gravée dans les esprits et le Japon était considéré comme un ennemi fourbe qu'il ne fallait plus ménager. Le père John A. Siemes, professeur de philosophie à l'université catholique de Tōkyō et témoin de l'explosion à Hiroshima écrivit :

Nous avons discuté tous ensemble au sujet de l'éthique derrière l'utilisation de la bombe. Certains la classaient comme les gaz toxiques et étaient contre son utilisation sur des populations civiles. D'autres pensaient que dans la guerre totale menée par le Japon, il n'y avait pas de différence entre les soldats et les civils. La bombe en elle-même était une force efficace pour stopper l'effusion de sang, obliger le Japon à capituler et ainsi éviter la destruction totale. Il me semble logique que celui qui promeut la guerre totale ne peut pas, par principe, critiquer la guerre contre les populations civiles.

Sur les treize prisonniers de guerre américains présents à Hiroshima le jour de l'explosion, seuls deux survécurent. Le gouvernement américain pouvait se permettre ces quelques pertes collatérales. Elles auraient été probablement supérieures si la menace d'une attaque atomique eut été proférée à l'encontre du Japon avant de procéder au bombardement. 


06/10/2013
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OCCUPATION DU JAPON PAR LES AMÉRICAINS

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Photographie du général Douglas McArthur et de l’empereur Hiro-Hito

La défaite japonaise et l’occupation américaine après la seconde guerre mondiale

Le Japon capitula le 14 août 1945, lorsque l’empereur Hirohito accepta les termes définis lors de la conférence de Postdam. C’était le jour de la victoire pour les Alliés, la fin de la seconde guerre mondiale, et le début du rétablissement d’un Japon exsangue.

A Postdam, Harry Truman et Joseph Staline s’étaient mis d’accord sur la manière dont l’occupation Alliée se déroulerait. L’Union Soviétique serait responsable de la Corée du Nord, de Sakhaline et des iles Kouriles et les Etats-Unis s’occuperaient du Japon, de la Corée du Sud et des autres possessions japonaises dans le Pacifique.

Le jour de la victoire, Truman nomma le général Douglas MacArthur en tant que commandant suprême des forces alliées, en charge de diriger l’occupation du Japon. 16 envoyés japonais partirent pour Manille le 19 août afin de rencontrer MacArthur et de connaître ses plans pour l’occupation du Japon. Le 28 août, 150 militaires américains arrivèrent à Atsugi, préfecture de Kanagawa, et devinrent les premières troupes américaines sur le sol Japon. Ils furent suivis par le cuirassé USS Missouri qui amena la 4eme division de marines sur la cote sud de Kanagawa.

MacArthur lui-même arriva à Tokyo le 30 août et promulgua immédiatement plusieurs lois. Interdiction aux GIs de fraterniser avec une japonaise. Interdiction aux GIs d’attaquer des japonais. Interdiction à tout américain de manger de la nourriture japonaise.

Le 2 septembre, le Japon se rendit formellement en signant les actes de capitulation et l’occupation commença. En théorie, MacArthur était supposé reporter à un comité consultatif défini par les Alliés, mais en pratique il prit seul toutes les décisions. Sa première priorité fut de restaurer le réseau de distribution de la nourriture: après la chute du gouvernement et les destructions intervenues dans la plupart des grandes villes, la famine gagnait tout le pays.

Une fois la distribution de nourriture assurée, ce qui coûtait un million de dollars par jour, MacArthur entreprit d’obtenir le support d’Hirohito. Les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois le 28 septembre: la photo de cette rencontre est l’une des plus célèbres de toute l’histoire japonaise. Avec l’approbation de l’empereur, MacArthur avait désormais l’autorité nécessaire pour mener à bien l’occupation.

Le désarmement

Immédiatement après son arrivée, MacArthur ordonna que tous les militaires japonais rendent leurs daito et leurs shoto: 7 tonnes d’épées furent ainsi confisquées et envoyées à San Francisco. MacArthur congédia les forces de police nationale et ajouta une clause de non-belligérance dans la constitution interdisant spécifiquement au Japon de faire la guerre.

La libéralisation

Les zaibatsu furent dissous et leurs usines reparties dans les mains d’un grand nombre de sociétés qui formèrent des keiretsu. 20.000 km² de terres appartenant à la noblesse furent confisquées et distribuées aux agriculteurs.

La démocratisation

En 1946, MacArthur termina la nouvelle constitution de style américaine du Japon qui fut ratifiée comme un amendement à la vieille constitution Meiji. Elle garantissait des droits fondamentaux et des libertés civiles, abolissait la noblesse et faisait de l’empereur le leader spirituel du Japon, lui enlevant tous ses pouvoirs politiques. Le shintoïsme, en tant que religion d’Etat, fut aboli et le christianisme fit sa réapparition pour la première fois depuis des dizaines d’années. Les femmes obtinrent le droit de vote et, en avril de cette année, 14 millions allèrent élire Yoshida Shigeru, le premier ministre de cette nouvelle ère.


05/10/2013
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OPÉRATION ICHI-GO

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Plan de l’offensive japonaise

Date Avril - décembre 1944 

Lieu Henan, Hunan et Guangxi en Chine   

Issue ?

                           Belligérants

République de Chine              Empire du Japon     

États-Unis                              Mandchoukou

                        Forces en présence

390 000 soldats chinois          400 000 hommes

US Army Air Forces, dont :

14th USAAF

20th USAAF

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L'Opération Ichi-Go Ichi-gō Sakusen, soit (Opération numéro un), dite également pour les chinois Bataille de Henan-Hunan-Guangxi, fut une offensive de grande ampleur, menée en 1944 par l'Armée impériale japonaise contre l'Armée nationale révolutionnaire chinoise et l'Armée de l'air américaine pendant la guerre sino-japonaise. Les troupes japonaises remportèrent sur le terrain une victoire militaire, qui se traduisit par des gains stratégiques relatifs.

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Chars légers japonais durant l'opération Ichi-Go.

Les buts de l'armée japonaise étaient d'ouvrir une route vers l'Indochine française, et de s'emparer des bases du sud-est de la Chine, qui servaient à l'US Air Force pour lancer des attaques contre leurs lignes, notamment dans le cadre de l'opération Matterhorn.

Les Japonais commencèrent par défaire en avril et mai les troupes chinoises employées à défendre la position stratégique de Luoyang. A partir du mois de mai, les troupes japonaises purent avancer et occuper Changsha, Hengyang, Guilin et Liuzhou.

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Insigne de la  2th USAAF

Bien qu'ayant atteint leur objectif en rejoignant l'Indochine, les Japonais ne parvinrent cependant pas à stopper les frappes aériennes américaines. La 14th USAAF abandonna simplement les bases côtières menacées, pour se déplacer vers l'intérieur du pays, tout en continuant ses attaques contre les troupes japonaises. La 20th USAAF déplaça ses bases aux îles Mariannes, récemment libérée lors de l'opération Forager. Le bénéfice en matière de sécurité était donc très médiocre pour l'armée japonaise, malgré des gains territoriaux importants. L'augmentation des territoires occupés en Chine obligea de surcroît les Japonais à disperser davantage leurs troupes.

La perte des bases initiales américaines contribua cependant au départ de Joseph Stilwell : Tchang Kaï-Chek ayant demandé son remplacement à Franklin D. Roosevelt, il dut céder son commandement à Albert Wedemeyer.


05/10/2013
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OPÉRATION GALVANIC

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Carte de l’archipel des Kiribati

Date Du 21 au 23 novembre 1943

Lieu Tarawa

Issue victoire américaine décisive

                        Belligérants

États-Unis                             Empire du Japon

                 Forces en présence         

35 000 et une puissante armada                    2 600 soldats d'élite, 1 000

                                                                       travailleurs japonais

                                                               et 1 200 manœuvres coréens

                                                                      retranchés pour Tarawa.

                                                                      Pour Makin, 284 soldats

                                                                     d'élites de la Marine, 138

                                                                     hommes du génie, 100

                                                                    mécaniciens et 276 travailleurs.

                                                    Pertes

1 009 morts, 2 101 blessés                            4 700 morts,

17 prisonniers

et 129 Coréens

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L'opération Galvanic regroupe le débarquement américain sur Betio, Makin, Abemama et les atolls environnants.

Durant la seconde guerre mondiale, il faut attendre l'automne 1943 avant que les Américains ne disposent d'une flotte plus puissante que celle des Japonais, cela étant dû principalement au fait que Roosevelt considérait l'Allemagne comme étant prioritaire sur le Japon. Malgré cet état de fait l'amiral Chester Nimitz et le général MacArthur doivent maintenir une pression constante sur les Nippons.

Très vite, les îles Gilbert intéressent le haut commandement américain en raison de leur position stratégique se situant au nord et à l'ouest de tous les territoires américains. De plus elles se situent sur la route des Carolines et des îles Marshall.

Il est indispensable cependant de rappeler l'histoire des Gilbert avant l'opération. En décembre 1941, les Japonais prennent possession de l'atoll de Makin, les Britanniques décident alors d'évacuer Tarawa ne laissant sur place que des missionnaires et des gardes-côtes. En septembre 1942, les Japonais finissent par prendre possession de Tarawa. Des garnisons sont établies sur les îles alentours (Betio, archipel de Tarawa, Butaritari, dans l'archipel de Makin et enfin quelques hommes sont disposés sur les îlots alentours).

Préparation du plan américain

En 1943, les forces américaines du Pacifique sont pour la plupart occupées à la reconquête des Salomon centrales mais le 20 mai 1943, l'état-major américain décide de reprendre les îles Marshall. MacArthur devra progresser vers les Philippines et la marine se dirigera vers le Japon via la Micronésie. Pour coordonner les deux actions, les grands porte-avions (Fast Carrier Force) devront naviguer entre les deux forces. Le danger de cette opération est très visible : comment deux forces aussi puissantes et se trouvant proche des positions ennemies pourra réussir sa mission ? Mais cela dépasse le cadre même de la bataille de Tarawa.

En juillet 1943, les premières opérations aériennes des Gilbert mettent en évidence la création d'une piste d'aviation. Cette information convainc définitivement Nimitz de l'importance de la reprise des Gilbert. Ce plan aura pour nom Galvanic.

Pour l'opération Galvanic Nimitz et son état-major prévoient des débarquements sur les îles de Nauru, Betio, Tarawa et Abemama. Néanmoins devant la trop grande défense de Nauru et son accès difficile, le débarquement est annulé au profit de la prise de l'atoll de Makin. Durant l'été 1943 l'amiral Nimitz ordonne aux porte-avions d’attaquer les îles Marcus, Abemama, Tarawa et Wake pour émousser les défenses nippones.

Voici le plan que Nimitz transmit à Raymond Spruance (commandant la force du Pacifique central) le 5 octobre 1943 :

Capturer, occuper, défendre et développer Makin, Tarawa, Abemama tout en isolant fermement Nauru, afin de :

a) Contrôler totalement les îles Gilbert;

b) Se préparer à la conquête des îles Marshall;

c) Améliorer la sécurité des lignes de communication ;

d) Soutenir les opérations dans le sud-sud-ouest Pacifique et en Birmanie en augmentant la pression sur les Japonais.

De plus, Spruance devra se tenir prêt à repousser la marine impériale japonaise en cas de réaction de celle-ci, attaquer les terrains d'aviation des Gilbert et des Marshall et enfin fournir un soutien en artillerie, marine et aviation à la force de débarquement.

Forces américaines

Pour l'opération Galvanic, la Central Pacific Force fut constituée comme suit :

La Task Force 50 du contre-amiral Pownall constitué de 6 cuirassés, 6 porte-avions, 5 porte-avions léger, 2 porte-avions d'escorte, 3 croiseurs et 21 destroyers devait protéger la force d'invasion.

La Task Force 50 est divisé en 4 Task Force.

La Task Force 53 du contre amiral Hill, divisé en 4 Task Force et comprenant la force de débarquement sur Tarawa et Makin. La TF 53 est constitué de :

3 cuirassés, 5 porte-avions d'escorte, 2 croiseurs, 9 destroyers ainsi que de 17 navires de transports divers. La force de débarquement sur Tarawa a été allouée à la 2e division de marines et le débarquement sur Makin à la 27e division d'infanterie. L'ensemble de ces unités nommées sous le nom de 5e corps amphibie est dirigé par le général Holland Smith.

La 2e division de marines devra partir de Nouvelle-Zélande et la 27e d'infanterie de Pearl Harbor. Le 2e bataillon de défense sera laissé en garnison à Tarawa et Apamama tandis que le 7e bataillon de défense devra tenir garnison sur Makin. La 2e division de marines reçoit la tâche la plus compliquée et dut subir pendant l'été 1943 un entraînement pour apprendre à se servir des engins de débarquement. La prise de Betio reçoit comme nom de code : Longsuit, la prise d'Apamama reçoit le nom de Boxcloth.

Le 25 octobre 1943 tout est fin prêt pour le débarquement sur Tarawa qui sera mené par le Regimental Combat Team 2 composé du 2e régiment de marines, du 2e bataillon du 8e régiment de marines. Le reste du bataillon du 8e régiment formant la réserve divisionnaire. Le 6e régiment de Marines est maintenu en réserve pour le 5e corps amphibie.

Les trois bataillons d'assaut devront se porter sur les plages de Red 1, Red 2 et Red 3. Ces plages sont situées au nord-est de l'île. Pour débarquer les Américains devront utiliser des LVT (landing vehicle tank) à faible tirant d'eau pour franchir la barrière de corail séparant l'océan du lagon. En outre le débarquement ne pourra se faire qu'à marée haute et faute de connaissances sur les fonds marins autour de Tarawa, les Américains ne purent être sûrs de leur coup. Pour le bombardement de l'île, les Américains ont prévu un long pilonnage de l'île avec l'artillerie de marine avant l'intervention de l'aviation. Le débarquement devra s'effectuer à 8 heures 30.

Beach Red 3 se trouve à 500 mètres à l'est de la jetée et c'est là que débarquera Le 2e bataillon du 8e régiment de marines. À l'ouest de la jetée, le 2e bataillon du 2e régiment de Marines devra débarquer sur Beach Red 2 et enfin Beach Red 1 qui se trouve à l'extrême est et mesure 500m comme Beach Red 2 sera le lieu de débarquement du 3e Bataillon du 2nd Régiment de marines.

Fortifications et effectifs nippons

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 Char léger Type 95 abandonné sur la plage

C'est le 10 décembre 1941 que les Japonais prennent le contrôle de l'archipel de Tarawa et plus précisément de Betio mais il faudra attendre le 15 septembre 1942 pour que des troupes y débarquent (6e force spéciale de débarquement de la marine de Yokosuka). Au mois de décembre le 111e régiment de pionniers vient compléter la garnison avec pour but la construction des défenses et de l'aérodrome. En février 1943, l'amiral Saichiro arrive sur l'île, ensuite le 17 mars la 7e force de débarquement de la marine de Saseko vient renforcer les forces en présence et enfin, en mai, arrive sur l'île la 4e unité de construction. En août, l'amiral Shibasaki remplace Saichiro. Ainsi au moment de l'assaut allié l'amiral dispose de 2617 combattants d'élites. Voici les forces en présence sur l’île :

3e (ex 6e) force spéciale de débarquement: 1120 hommes ;

7e force spéciale de débarquement de la marine (7e Sasebo) : 1497 hommes ;

111e pionniers : 1247 hommes ;

4e unité de construction : 970 hommes.

Au total, les Japonais sont donc 4744 mais le génie surtout constitué de Coréens n'est pas destiné au combat.

Les fortifications sont disposées de telle sorte qu'elles se protègent mutuellement assurant ainsi une grande cohésion dans la défense japonaise. Voici la constitution des fortifications nippones :

4 canons de 200mm construits par Vickers ;

4 canons de 140 mm ;

6 pièces de 80 mm ;

4 canons de 127mm de DCA ;

8 pièces de 75mm de DCA ;

27 mitrailleuses lourdes de 13mm de DCA ;

4 mitrailleuses lourdes de 13mm en affût double de DCA ;

10 canons de montagne de 75mm ;

6 canons de 70 mm ;

9 pièces de 37 mm ;

31 mitrailleuses lourdes de 13 mm ; plusieurs dizaines de mitrailleuses de 7,7mm.

Déroulement de la bataille de Tarawa le débarquement

Parties au départ pour une grande manœuvre les troupes américaines ne sont prévenues que trois jours avant du véritable objectif de leur opération. Entretemps le régiment d'assaut devant attaquer en première ligne sur Tarawa change de commandant, le colonel David Shoup remplace le colonel Marshall, malade. Durant la progression de la flotte américaine plusieurs escadrilles américaines se chargent du bombardement sur Betio et les îles alentours du 13 au 19 novembre. Ces bombardiers sont sous le commandement de la 7th Air Force provenant de la Task Force 57. Le 19 novembre, les premiers navires apparaissent au large de Tarawa et commencent le pilonnage des fortifications nippones. Il faudra néanmoins attendre la nuit avant l'arrivée des péniches de débarquement.

Les Japonais finissent par repérer les Américains à 4 heures 41 et déclenchent le feu de leurs batteries sans succès. Un peu plus tard les premières troupes commencent à embarquer dans les premières péniches de débarquement mais les transferts sont difficiles et les premières vagues de LVT ont du mal à garder leur cohésion. À 5 heures 42, la marine américaine stoppe son tir pour permettre à l'aviation d'attaquer Betio mais celle-ci n'arrivant pas les tirs reprennent à 6 heures 5 mais entre temps les Japonais ont pu se reprendre. Finalement l'aviation arrive à 6 heures 15 sans parvenir à remplir ses missions. Enfin à 6 heures 20 l'heure W toute la flotte reprend ses tirs.

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Carte de l’île de Betio

À 7 heures 15, les premières péniches s'avancent dans le lagon protégées par quelques dragueurs et destroyers qui ont pu s'approcher des côtes. Néanmoins la confusion est grande et l'heure H est repoussée à 8 heures 45. Néanmoins avant même l'arrivée des forces de débarquement un groupe d'homme dirigé par le lieutenant Hawkins, le Scout-Sniper Platoon dut prendre pied sur la grande jetée pour y chasser les Japonais risquant de prendre la plage en enfilade. L'opération fut une réussite malgré le creusement d'un trou dans la jetée dû aux lance-flammes et qui gênera beaucoup l'accostage des munitions sur la jetée ultérieurement dans la bataille.

 Il faut ensuite attendre 9 heures 10 avant que les premières péniches du 3d BN du 2d régiment ne franchissent la barrière de corail et s'approchent de la plage, mais à ce moment les Japonais déclenchent un feu nourri qui détruit nombre d'engins de débarquement. La compagnie I réussit à mettre en place une tête de pont mais un poste japonais situé entre Beach Red 1 et Beach Red 2 prend en enfilade les marines. La compagnie K est bloquée tout comme la L qui perd 35% de ses effectifs.

Le 2d Bn du 8th régiment arrive à 9 heures 17 sur Red 3 en subissant très peu de pertes. Les compagnies réussissent à s'enfoncer sur l'île. Cependant sur Red 2 la force de débarquement doit subir un feu particulièrement nourri et les forces de débarquement subissent de lourdes pertes ne pouvant établir une tête de pont solide.

 

Les vagues suivantes ne peuvent débarquer sur la plage et doivent franchir le lagon avec de l'eau jusqu’à la taille voir jusqu'aux épaules. Subissant le tir nippon, les Américains sont complètement désorganisés. La plupart de l'efficacité normalement associée avec un bataillon de débarquement est perdue en raison de cette malheureuse situation. Durant ce dur débarquement le lieutenant colonel Amey chef du 2d Bn du 2d régiment meurt et c'est le lieutenant-colonel Jordan pourtant simple observateur de la 4th division de marines qui prend le commandement d'une force totalement désorganisée par le manque de radios et n'ayant pu établir une tête de pont de seulement 75m de profondeur sur 300m de large.

 

Tout comme Amey, le colonel David Shoup tente de débarquer sur Red 2, après plusieurs transferts dans différentes péniches, Shoup réussit à débarquer à 10 heures 30 en parcourant les 200 derniers mètres avec de l'eau jusqu’à la taille.

 

De plus commence à se poser le problème des renforts, Shoup peu avant de débarquer apprend du major Schoettel commandant le 3D bataillon sur Red 1 que la situation est très précaire et que les péniches subissent un feu nourri. Shoup lui ordonne de se porter sur Red 2 mais Schoettel lui répond : « Nous n'avons plus rien à débarquer »[4]. Le colonel Shoup décide donc d'envoyer 1st bataillon du 2d régiment tenu en réserve sur Red 2. Le bataillon du major Kyle s'en va donc débarquer et subit alors de lourdes pertes.

Ensuite le général Smith considérant la tête de pont sur Beach Red 3 suffisamment forte pour y lancer des renforts y envoie le 3d bn du 8th régiment du major Ruud. Le débarquement se fait difficilement, le bataillon subissant de lourdes pertes. Les deuxième et troisième vagues après l'hécatombe subie par la première se dirigent vers la jetée appelés par le colonel Carlson.

À la fin de la matinée, les Américains décident de débarquer des chars pour soutenir les fantassins, sur Red 1, deux chars sont débarqués et l'un est touché par un obus qui bloque le mécanisme de sa tourelle et son canon est à sont tour mis hors de combat. Le Sherman se replie donc vers la plage. Le deuxième char est incendié par un obus de 75 mm. Sur Red 2, 3 chars sont débarqués qui combattront tout au long de la journée. Deux chars sont mis hors de combat. Enfin sur Red 3, 4 Sherman sont débarqués, 3 Sherman sont détruits dont un par l'aviation américaine. Le dernier qui fut pourtant touché, réussira à éteindre l'incendie qui en fut la conséquence et combattit jusqu’à la fin de la bataille de Tarawa.

Sur l'USS Maryland, le général Smith à bien du mal à connaître la situation sur Betio malgré l'observation aérienne ce pourquoi le colonel Carlson envoyé par Shoup ira l'informer de l'état réel des marines.

À 15 heures 30, la situation sur Betio est la suivante : sur Beach Red 1, la tête de pont est profonde d'à peu près 150 mètres ; sur Beach Red 2, les marines s'abritent derrière le mur antichar construit en troncs de cocotiers et le long de la jetée (quasiment aucun marine sur la partie est de la plage). Tête de pont sans aucune profondeur significative ; sur Beach Red 3 enfin les marines ne sont présents que sur le rivage.

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prisonniers de guerre Japonais

C'est sur Red 1 que se passe la majorité des combats. Sur la plage s'y trouve le major Ryan (qui remplace le major Schoettel) et tente de réorganiser ses troupes avant d'envoyer ses chars vers l'avant en les faisant d'abord contourner la tête de pont, le chemin menant vers le centre de l'île étant encombré de morts. Les deux Sherman restant réussissent avec l'infanterie à élargir la tête de pont qui atteint en fin de journée 500m de profondeur pour 150m de large. Se trouve sur cette plage :

3d Bataillon du 2d régiment :

Débris de la cie (compagnie) K;

Débris la Cie i ;

Partie de la Cie L ;

Un peloton de la Cie M.

2e bataillon du 2e régiment :

1er peloton de la Cie E;

1er peloton de la Cie G;

2e et 3e peloton de la Cie H; état major du commandant du bataillon.

1st Bataillon du 2d Marines :

3 officiers et 110 hommes débarqués ici par erreur.

Ces quelques hommes malgré leurs progression ne purent réduire au silence les bunkers japonais dépassés par le manque de moyens adaptés et les nippons en profiteront pour parfois tirer dans le dos des américains. Néanmoins, à la nuit tombée, 600m de terrain séparent Red 1 de Red 2.

À la fin du premier jour, l'ensemble des têtes de ponts américaines font une surface de 1500m² et une attaque japonaise durant la nuit aurait certainement suffit à repousser les Américains à la mer mais l'amiral Shibasaki faute de moyens de communications fonctionnant en bon état ne peut rentrer en contact avec ses hommes et leur ordonner quoi que ce soit.

Le 21 novembre

Au début du 21 novembre, Smith décide devant la demande de Shoup de faire débarquer le 1st Bn du 8th régiment sur Red 2. À 6 heures 15 la première vague est débarqué dans le lagon et doit franchir les derniers 500m avec de l'eau jusqu’à la taille voir jusqu'aux épaules. Les 4 premières vagues sont dirigées vers la frontière entre Red 1 et REd 2, zone battue par les tirs nippons qui s'étaient servis de cette position pour prendre de flanc les Américains la veille. Ainsi les Américains désorganisés arrivent sur la plage dans une situation confuse et sans aucun matériel lourd pour réduire les points forts japonais. Sur les 199 hommes de la première vague, 90 sont encore en état de combattre. Le major Hays chef du bataillon arrive à regrouper ses hommes et se posta à l'extrémité ouest de Red 2 pour se préparer à rejoindre Red 1. De leur côté les 1st et 2nd Bataillon du 2d régiment présent sur Red 2 devront se porter vers le sud pour atteindre l'autre rive de Betio. Le major Kyle réunit donc 300 hommes à peu près et se prépare à l'assaut. Peu avant un peloton de mitrailleuses avait été chargé de mettre en place un feu nourri sur les Japonais. En début d'après-midi, 3 compagnies du 1st bataillon, la plupart des survivants du 8th Marines et l'ensemble du 2e bataillon. Après la traversée difficile du terrain d'aviation, les Américains découvrent des positions japonaises abandonnées de l'autre côté de l'aérodrome et s'y établissent avant finalement d'atteindre la côte Sud mais entourés de fortes positions ennemies et séparé du reste de la tête de pont par la piste d'envol non sécurisée. Ainsi à 19 heures se trouvent dans cette poche :

Compagnie B (capitaine Williams) : 60 hommes ;

Compagnie C (capitaine Clanahan) : 75 hommes ;

Compagnie E (capitaine Tynes) : 15 hommes ;

Compagnie F : 10 hommes ;

Compagnie H : un peloton de mitrailleuses ; unité lourde régimentaire : 10 hommes

Ces 180 hommes sans vivres ni eau et manquant cruellement de munitions viennent de plus de subir une contre-attaque japonaise. Devant la situation Shoup envoie plusieurs LVT chargé de vivres et de munitions et enfin vers 18 heures le major Kyle arrive dans la poche et le lieutenant-colonel Jordan lui laisse le commandement des hommes.

Du côté de Red 1, les hommes du major Ryan reçoivent l'ordre de conquérir Green Beach sur la côte Ouest de l'île. Avec l'aide du sous-lieutenant Greene observateur d'artillerie de la marine, il obtient un soutien de deux destroyers qui après leur préparation d'artillerie cèdent leur place à l'infanterie. À 11 heures 10, les marines se lancent à l'assaut et en une heure suppriment toutes défenses nippones du secteur de Green Beach. Les Japonais, ayant il est vrai, opposé une résistance bien faible. Malgré la faible profondeur de la tête de pont (200m), le général Smith envoie le 1st Bataillon du 6th régiment sur Betio le 2e bataillon devant suivre. Mais le haut-commandement américain apprenant par des sources peu sûres que les Japonais ont décidé de se replier sur Bairiki (manœuvre possible à marée basse) décide d'envoyer le 2nd bataillon sur l'île. Les hommes du major Jones (1st Bn) eux débarquent bien sur Green Beach à 18 heures 40, en retard sur l'horaire prévu (17 heures. Plusieurs chars légers M3 sont aussi débarqués mais avec une heure de retard. Malgré ces contretemps, Jones prévoit une attaque pour 20 heures. Mais devant la demande de Shoup de reporter l'attaque au lendemain, Jones annule l'offensive.

Sur Red 3 par contre, le 2nd Bataillon du 8th Régiment a bien du mal à progresser car les Américains se trouvent à seulement quelques dizaines de mètres du PC de l'amiral où se sont retranchés les soldats nippons. Ainsi une attaque des marines de faible ampleur est facilement repoussée. À la tombée de la nuit, 12 hommes prennent possession de la jetée Burns-Philips pour empêcher les Japonais de s'y retrancher. Lors de cette journée le major Shoettel chef du bataillon débarque enfin sur Betio mais les hommes ne lui obéissent pas et Schoettel désespéré vient demander des conseils à Shoup. Ce dernier lorsqu'il apprend que les soldats refusent d'avancer par faute d'une mitrailleuse se met dans une colère terrible. La campagne de Tarawa sera un long calvaire pour Schoettel.

Ainsi à la fin du 21 novembre, les Américains sont pour la première fois en position de gagner. Ils ont dégagé les alentours de Green Beach, mis en place une poche étroite mais solide au sud de l'aérodrome et au nord, la tête de pont s'étend sur 500m de part et d'autres de la grande jetée. Enfin, en fin de journée, Shoup envoie comme message à Smith : « Nous sommes en train de gagner ». Smith décide alors d'envoyer Edson (chef d'état-major de la 2d division) sur l'île pour diriger les opérations logistiques sur Betio.

22 novembre 1943 : La progression américaine

Dans la nuit du 21, Edson et Shoup mettent en place les opérations pour le 22. Conscient que les échecs précédents ont été dus à un manque d'intervention de l'artillerie de marine, ils décident de faire intervenir les batteries des cuirassés. Ainsi de 7 heures à 10 heures 30, l'artillerie navale tire sur les positions japonaises avec l'aide de quelques batteries débarquées sur l'île. Edson et Shoup prévoient trois attaques :

Celle du 1st Bn du 6th régiment qui devra essayer de prendre contact avec les unités présentent au sud de l'aérodrome en attaquant plein est.

Au même moment, le 1st bn du 8th régiment devra attaquer vers l'ouest depuis Red 2 pour anéantir la poche japonaise située entre Red 1 et Red 2.

Enfin le 8th régiment à l'est, devra agrandir la tête de pont au-delà de la petite jetée.

L'attaque contre la poche japonaise commence à 7 heures avec le soutien des chars légers (trois de la compagnie C). La force d'assaut est ainsi composée du nord au sud de : la compagnie B le long de la plage ; la compagnie A au centre ; la compagnie C au sud.

L'attaque est lente, les marines devant éliminer méthodiquement les points de résistances japonais. Malgré le soutien des chars M3, les Américains ont du mal à en venir à bout (le calibre des obus des M3 qui sont de 37mm est insuffisant). Les fantassins essaient alors ici ou là d'utiliser des Bangalore et des charges de TNT. Avec la perte d'un des chars, les deux autres sont remplacés par une section de Halfs Tracs fraîchement débarqués possédant des canons de 75mm. Ainsi à la fin de la journée, la poche japonaise est toujours existante.

Pendant ce temps l'attaque du 1st Bn sur Green Beach commence bien. Malgré un retard dans l'attaque qui commence à 8 heures 15 l'offensive réussit grâce à une forte cohésion entre chars et infanteries. Les chars Sherman détruisant les bunkers et autres nids de mitrailleuses, les fantassins abattant les Japonais se lançant sur les chars avec une mine magnétique. À 11 heures, les hommes du 1st Bn réalisent la jonction avec les hommes situés dans la poche. Les Japonais perdent 250 hommes alors que les Américains ne perdent que très peu d'hommes. Ainsi excepté la poche entre Red 1 et Red 2, l'ensemble de la partie occidentale de l'île est conquise. Le major Jones disposera pour l'offensive du lendemain de l'ensemble des chars et d'une aide substantielle de l'artillerie navale et aérienne. De plus l'ensemble du 8th régiment (excepté le 1st Bn) devront aussi attaquer à l'est malgré l'opposition de leur chef considérant ses hommes comme trop fatigués.

Enfin l'assaut du 2nd Bn du 8th régiment près de la jetée Burns Philips a comme but de capturer trois points de résistance japonais (un nid de mitrailleuses sous coupole blindée, un autre nid abrité par des troncs de cocotiers et un abri bétonné). À 9 heures 30 des tirs de mortier permettent de détruire l'abri en cocotier qui explose en flamme, sa cargaison de munitions étant touchée. À peu près au même moment, des chars Sherman tirent sur la coupole blindée permettant aux fantassins de partir à l'assaut. Face à l'abri bétonné l'avance se fait grâce aux lance-flammes des forces du génie. Malgré une contre-attaque japonaise, l'abri est capturé au bout d'une heure de combat. Les Japonais encore coincés dans le bunker tentent de s'enfuir mais les marines bouchent systématiquement chaque entrée et causent un véritable massacre à la mitrailleuse et à la grenade. Enfin des bulldozers du génie bouchent les entrées enfermant les nippons dans le bunker. La prise de ces points fortifiés permet aux marines de progresser sans aucune difficulté à l'est, rencontrant en faisant sauter les défenses japonaises, les cadavres des Nippons s'étant fait hara-kiri.

Pendant la journée, le 3rd bataillon du 6e régiment débarque enfin sur Betio après avoir passé une nuit dans les péniches. À 12 heures le général Holland Smith (chef de la 2e division de marines) débarque lui aussi à Green Beach. Il décide d'installer son PC sur Red 2 et pour éviter de traverser le terrain nouvellement conquis (où subsistent parfois quelques Japonais), le général se rend à Red 2 en Amtrac qui se fait toucher par une mitrailleuse. Holland Smith est alors secouru par une autre péniche qui l'amène à bon port. Le plan d'attaque pour l'après-midi est le suivant : -Le 1st bataillon du 6e régiment devra attaquer vers l'est et capturer un fossé antichar à l'est de la piste d'aviation.

L'avance commence à 12 heures 30. Malgré la fatigue accumulée par l'offensive du matin, la compagnie A soutenue par un Sherman et 7 chars M3 Stuart se met en route. Légèrement en arrière, se trouve la compagnie B et la compagnie C est gardée en réserve. L'assaut commençant à 13 heures 30 est stoppé dès les premiers mètres par une tourelle blindée. Il faut une heure et demie de combat et l'intervention du Sherman pour continuer l'avance. À 15 heures, les marines assoiffés reçoivent de l'eau et la compagnie B passe en tête pour continuer l'attaque à 16 heures. La compagnie C est elle envoyée relevé le 2nd bn du 8th régiment au sud de la poche japonaise située à proximité de la jetée Burns-Philips. Les autres marines malgré leur attaque ne peuvent avancer et à 18 heures 30, s'enterrent. Dans la soirée, les Américains comptent 200 morts nippons sur le terrain conquis et la poche japonaise de Burns-Philips est enfin réduite. Malgré le fait qu'excepté la poche entre Red 1 et 2 toute la partie occidentale de l'île est conquise, l'optimisme ne règne pas encore parmi l'état-major américain. Le général Smith demande que soit débarqué pour le 23 novembre le 2d bataillon du 6th Marines sur Green Beach et que le 3rd Bn du 6th régiment débarquant sur Green Beach se porte vers l'est de l'île avec tous les chars.

La contre-attaque japonaise

Néanmoins le soir du 22 novembre, pour la première fois, les Japonais vont lancer une offensive importante contre les Américains. En effet acculés sur la partie orientale de l'île, les Nippons ne peuvent gagner qu'en lançant une offensive leur permettant de repousser les Américains à la mer. À 19 heures 30, une première offensive de faible envergure lancée par 50 hommes arrive avec détermination à forcer le passage dans les lignes américaines mais les marines réussissent sans trop de problèmes à combler la brèche. Les Américains convaincus qu'une offensive plus importante est en préparation mettent en place un tir d'artillerie à 75m des premières lignes américaines. Bien que les tirs des batteries ne gênent en rien la préparation japonaise, ces derniers ne peuvent localiser les nids de mitrailleuses américains empêchant l'offensive de commencer. À 23 heures, deux petites offensives devant tester les positions américaines sont lancées et repoussées sans aucune difficulté ; dans l'attente d'une nouvelle grande offensive, le tir de barrage redouble d'intensité et le major Jones demande à la marine le bombardement des arrières japonais.

À 3 heures du matin, les Japonais tirent à l'aide de mitrailleuses et de canons sur les positions des marines, ces derniers ripostent avec des mortiers et en envoyant des volontaires lancer des grenades près des canons japonais. Finalement à 4 heures du matin, une offensive de 300 hommes est enfin lancée par les Japonais qui sont stoppés net par l'artillerie. Puis à la suite d'une heure de lutte, les nippons battent en retraite et laissent sur le terrain 200 des leurs. De plus à la suite de la progression américaine, ces derniers vont découvrir 125 cadavres tués par les destroyers USS Schreder et USS Sigsbee. La contre-attaque japonaise bien que courageuse n'avait aucune chance de repousser les Américains à la mer car ils étaient au soir du 22 novembre sur des positions solides. On peut sûrement penser qu'une contre-attaque japonaise au soir du débarquement aurait eu toutes les chances de repousser les Américains mais cette offensive arrive à un stade trop avancé de la bataille et avec bien peu trop d'hommes.

La fin de la bataille

Avec l'échec de la contre-attaque japonaise, la résistance sur l'île faiblit fortement. Néanmoins, les marines doivent encore conquérir l'est de l'île. C'est le 3rd bataillon du 6th régiment dirigé par le lieutenant-colonel MacLeod qui a pour but de conquérir la partie orientale de Betio. La compagnie I est placée au nord, la compagnie L au sud et la compagnie K est en réserve. L'assaut commence à 8 heures précédé par un violent bombardement de l'aviation puis de l'artillerie et enfin de la marine. Malgré tout 500 Japonais sont encore présents sur Betio. À 8 heures, le 3e bataillon franchit les lignes américaines pour assaillir les positions japonaises défendues par deux fossés antichars. 2 Sherman et 7 chars M3 ouvrent la route aux fantassins et à des équipes de lance-flamme. L'objectif est conquit très rapidement et quasiment sans combat et les Américains continuent leur progression. C'est la compagnie qui rencontre la première vraie résistance japonaise constituée d'abris bétonnés et de mitrailleuses. Devant l'impossibilité d'une attaque de front pour la compagnie I, la compagnie L décide de flanquer les nippons par le sud et de continuer leur avance. Assez rapidement, les marines atteignent l'extrémité est de l'île car les Japonais plutôt que de se rendre décident de se donner la mort. Les derniers Nippons cantonnés dans leurs abris sont éliminés au lance-flamme. Pendant ce temps, la compagnie I finit par réduire définitivement l'emplacement japonais encerclé. Ainsi à 13 heures McLeod et ses hommes atteignent le bout de l'île et ne comptent comme pertes que 9 tués et 25 blessés, capturant 14 hommes (surtout coréens) et dénombrant 475 cadavres japonais.

La dernière poche japonaise réduite pertes lors de la bataille

Les pertes japonaises durant la bataille furent extrêmement nombreuses, en effet sur les 4744 hommes et travailleurs, seuls 146 hommes furent capturés dont 16 soldats. Les pertes américaines sont les suivantes : 985 tués et disparus dont 55 officiers et 2311 blessés.

La conquête des autres îles de l'archipel des Gilbert

La prise de l'île de Betio qui bien qu'étant l'île la mieux défendues par les Japonais n'assure pas la conquête de l'ensemble des Gilbert. Comme vu précédemment la prise de Bairiki fut déléguée au 2nd Bn du 6th régiment le 22 novembre après que le haut-commandement américain ait intercepté un message japonais. Ces derniers devaient se replier sur Bairiki à marée basse en empruntant une mince langue de terre. Néanmoins l'information américaine s'avère erronée et ils vont utiliser des moyens bien trop importants pour la conquête de la petite île. Le débarquement est précédé par le bombardement de l'île par la marine et l'aviation devant bombarder le bunker de Bairiki défendu par 15 soldats japonais possédant 2 mitrailleuses. Après quelques passages, un chasseur américain fait exploser un bidon d'essence grâce à une de ses balles qui passe par l'embrasure du blockhaus. À la suite de l'explosion, les 15 soldats japonais sont tués et à 16 heures 55, heure du débarquement, les marines débarquent sur une île vide d'ennemi.

La conquête des autres îles par les Américains commence par le débarquement le 24 novembre à 5 heures du 2nd Bn du 6th régiment sur l'île de Bouta vide d'ennemis. Apprenant la présence d'une centaine d'hommes sur l'atoll de Tarawa, les Américains décident d'approfondir leur exploration de Bairiki. Ainsi le soir du 25 novembre, une patrouille de marines croise des japonais et ont deux blessés. Le lendemain, la progression américaine dans une végétation dense est difficile et bientôt, les soldats sont pris sous le feu d'armes automatiques. Très vite le combat se transforme en lutte au corps à corps d'où les marines sortent vainqueurs au prix de 29 tués dont un officier et 58 blessés. Les japonais tous morts sauf deux travailleurs coréens sont au nombre de 175. Enfin le 28 novembre, la dernière île de l'atoll de Tarawa, Naa est conquise par les marines qui ne rencontrent aucun Japonais. Le 23 novembre, la garnison d'Abemama (qui n'appartient pas à l'archipel des Tarawa) fut-elle aussi conquise après le bombardement de l'île par le sous-marin USS Nautilus qui tue 5 hommes. Les 18 autres se font hara-kiri avant le débarquement d'un groupe appartenant au 5e Amphibious Corps Scouts. Enfin la conquête des îles Gilbert s'achève par la conquête de l'atoll d'Abaiang où sont postés 5 soldats japonais qui s'enfuirent en pirogue et ne furent jamais rattrapés par les Américains qui utilisèrent pourtant des canots pneumatiques. Les petits atolls de Marakei et Maiana sont aussi visités mais vides d'ennemis.

Déroulement de la bataille de Makin

Pendant que la 2e division de marines doit débarquer sur Tarawa, la 27e division d'infanterie doit conquérir l'île de Butaritari dans l'atoll de Makin. C'est le 165th régiment de combat composé de l'ensemble du 165th régiment d'infanterie et du 3rd bn appartenant au 105th d'infanterie qui doit débarquer sur Butaritari. La défense japonaise, commandée par le lieutenant Seizo Ishikawa est la suivante :

284 soldats de la Force de Débarquement Spéciale de la Marine ;

138 hommes du 11e régiment de pionniers ;

100 mécaniciens et autres rampants de la base aéronavale ;

76 Japonais et 200 Coréens d'une unité de construction.

L'ensemble des hydravions présents sur l'île se sont envolés avant l'arrivée des américains.

Le débarquement

Le débarquement sur Butaritari est précédé par le bombardement de la Northern Attack Force. Ce pilonnage des défenses japonaises fut peu utile car il ne tua aucun soldat et ne détruisit aucune infrastructure. Les G.I.’s débarquent alors sur l'île sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré et des observateurs aériens notent qu'il n'y a nulle trace d'ennemis sur l'île. Malgré le fait que certains officiers veulent supprimer la fin du bombardement naval, l'amiral Turner peu sûr des dires des aviateurs ordonne la continuation du pilonnage. Pendant ce temps, l'infanterie américaine récemment débarquée s'avance vers l'intérieur de l'île. Assez vite, une mitrailleuse et quelques fusils ouvrent le feu sur les Américains qui malgré leur nombre, campent sur leur position plusieurs heures durant. Pendant ce temps, les commandants des chars M3 Stuart refusent d'obéir aux ordres des officiers d'infanterie. Le colonel Conroy, chef du Regimental Combat Team suivi du colonel Roosevelt, observateur de l'USMC tente de raisonner les commandants de chars mais se fait tuer par un tireur d’élite. À la suite de cet évènement, les Américains stoppent leur avance. Le seul incident notable de l'après-midi est l'explosion d'une tourelle de l'USS Mississipi qui tue 43 marins.

Le 21 novembre

Voit le débarquement du général Holland Smith (chef des opérations terrestres de Galvanic) débarqué sur l'île. Celui-ci était déjà énervé le 20 novembre du peu de courage des GI et décide de les motiver en se montrant à eux. Malgré cette intervention, la grande majorité des soldats ne semblent pas vouloir avancer. Ceci étant dû au fait que de nombreux fantassins ne voient aucune raison de risquer leur vie pour la conquête d'une si petite île. Smith apprend peu après qu'une résistance japonaise au nord de l'île empêche toute avance. Se rendant à l'endroit indiqué, il découvre selon lui, un secteur extrêmement calme. La nuit du général est d'ailleurs perturbée par les tirs des sentinelles croyant voir sans cesse des Japonais. Ainsi la journée du 21 novembre se passe avec quasiment aucun accroc sur terre. Mais il en est tout à fait différent sur mer.

Bataille navale au large de Makin

Alors que sur Tarawa, la bataille se déroule sans aucune intervention aérienne ou maritime des Japonais, à Makin la situation est différente. Mais le 21 novembre, la flotte américaine détecte la présence d'un sous-marin japonais à proximité de Makin. C'est à midi, que le destroyer USS Gansevoort détecte un écho à quelques kilomètres de la côte. Peu après l'USS Meade détecte lui aussi la présence d'un écho. Les deux navires, malgré leurs patrouilles incessantes, ne peuvent trouver rien de plus concret. Finalement vers 17 heures, obtenant enfin un contact fort, les navires se mettent à grenader la zone. Mais il faut attendre 30 minutes avant de voir le sous-marin se manifester. Les Américains aperçoivent en effet un périscope puis l'avant du sous-marin I-35 émerger de l'eau près de l'USS Frazier. Le commandant du navire fait éperonner le sous-marin, puis recule et se prépare à l'évacuation des survivants, les Japonais, cependant mettent leur canon en batterie et s'apprêtent à tirer mais les Américains leurs tirent dessus avant que le sous-marin ne coule définitivement. Les marins envoient une baleinière pour recueillir les Nippons tombés à l'eau (au nombre de 4), mais l'un d'eux leur tire dessus au pistolet. Il est achevé à la mitraillette comme les trois autres. Ici encore, le fanatisme japonais est poussé à son comble. Peu après cela, un avion américain croyant avoir trouvé un nouveau sous-marin, tire sur la baleinière par erreur sans l'endommager. L'USS Meade réplique par des tirs de DCA qui mettent à mal l'avion, qui réussira néanmoins à se poser sur son porte-avions.

Les derniers jours sur Makin

Le 22 novembre, sur Makin, la résistance japonaise a presque totalement disparu, les Américains étant beaucoup plus nombreux (23 contre 1 pour l'infanterie). Néanmoins, les G.I.’s avancent toujours aussi lentement et il faudra attendre le 24 novembre pour voir l'île débarrassée de ses anciens propriétaires. C'est à 4 heures 35 de ce jour qu'un destroyer d'escorte du porte-avions 'USS Licorne Bay repère de la lumière à l'horizon et se dirige vers cette position. Quelque temps après, le cuirassé USS Mexico repère un écho sur son radar sans pouvoir en définir la provenance. À 5 heures 7, le destroyer indique la lumière vient d'une bouée sûrement larguée par les Japonais pour signaler aux sous-marins la présence de la flotte américaine. Quelques minutes après, alors que le porte-avions se met face au vent, Sunao Tabata, le commandant du sous-marin I-175 se met à tirer une torpille repérée trop tard par l'USS Licorne Bay qui est touché au centre, légèrement à bâbord. La torpille explose au niveau de la soute à carburant provoquant une terrible explosion dans le porte-avions, les flammes s'élevant à plus de 100 mètres au-dessus de l'eau. L'incendie se propage ensuite assez vite à la soute à munitions qui explose violemment et déverse jusqu'au pont de l'USS New Mexico des débris d'avions, des fragments d'acier et des restes humains. Dans le porte-avions, le capitaine Witsie a été tué et l'officier le plus élevé ordonne l'évacuation du navire. Mais les marins qui se jettent à l'eau se retrouvent soudain pris au piège. En effet la surface de l'eau est recouverte d’une pellicule d'essence et de pétrole qui prend feu lorsqu’un avion en flammes tombe à l'eau. Ainsi, des dizaines d'hommes sont brûlés vifs et de nombreux autres périssent dans le porte-avions à cause des explosions. L'USS Licorne Bay coula ainsi en 23 minutes, entraînant avec lui 644 hommes et 19 avions, soit dix fois plus de pertes que pour la bataille de Makin

Ainsi se termine la bataille de Makin où les pertes américaines (pertes de l'USS Licorne Bay exclues) sont de 64 tués et 150 blessés.

Bilan

Aux États-Unis, la nouvelle du nombre des pertes américaines lors de l'opération Galvanic provoque un tollé, les Américains ne peuvent comprendre que 4000 hommes faisant partie des marines (corps d'élite de l'armée américaine) puissent être été tués pour la conquête d'une si petite île.

Sur le plan militaire, la conquête des atolls de Tarawa, Makin, Abemama revêtaient une importance stratégique. Les américains, s'ils voulaient continuer leur progression dans le Pacifique se devaient de supprimer les colonies japonaises présentes sur ces terres, car elles se situaient à proximité des bases de départ de la marine américaine. Néanmoins et surtout pour la prise de Betio, le débarquement fut mal exécuté et même si la victoire est emportée grâce au surnombre écrasant des marines, les pertes de la bataille préfigurent les prochains combats terrestres qu'auront à livrer les Américains à Iwo Jima ou Okinawa. Même si les noms de ces futures batailles ainsi que celui de Guadalcanal) finiront par effacer des mémoires celui de Tarawa, la bataille de Betio reste le symbole de la difficile reconquête américaine dans le Pacifique.

Mais ce débarquement fut néanmoins utiles pour le haut commandement américain qui se servit de cette échec relatif (échec quant au nombre de pertes) pour planifier les futures débarquements et surtout le débarquement de Normandie.

 

 

 

 


29/09/2013
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