L’ARMÉE IMPÉRIALE JAPONAISE
L’Étendard impérial japonaise
Date 1867 – 1945 Pays Japon Allégeance empire du Japon
Branche Armée de Terre + service aérien
Rôle Défense du territoire et des intérêts impérialistes du Japon
Fait partie de l’Axe
Composée de
Première Guerre mondiale : coalition alliée
Deuxième Guerre mondiale : Axe avec Troisième Reich Italie Fasciste
Guerres
Guerres sino-japonaises
Guerre russo-japonaise Guerre en Asie et dans le Pacifique
L'Armée impériale japonaise, Dai-Nippon Teikoku Rikugun) est la composante terre des forces armées de l'Empire du Japon de 1867 à 1945. Entre 1894 et 1945, l'Armée impériale nippone participa à deux Guerres sino-japonaises, à la Guerre russo-japonaise, à la colonisation de Corée, à la Première Guerre mondiale, à la constitution de l'État fantoche du Mandchoukouo et aux campagnes d'Asie et du Pacifique.
Artillerie japonaise en 1882
L'armée impériale japonaise a été créée pour remplacer l'armée japonaise traditionnelle constituée par les samouraïs. L'armée japonaise s'est inspirée des pays européens pour se moderniser. L'aide à la modernisation a été fournie par les pays européens, principalement la France, le Royaume-Uni et plus tard, l'Allemagne. Entre 1894 et 1945, l'Armée impériale nippone participa à deux Guerres sino-japonaises, à la Guerre russo-japonaise, à la prise en main de la Corée, à la Grande Guerre et aux Campagnes du Pacifique.
L'ouverture à l'Occident et la naissance de l'Armée impériale
Soldat japonais en 1894, première guerre suno-japonaise. Son aspect moderne n’a rien à envier à celui de son contemporain européen.
La société que découvre Perry le 08 juillet 1853 est elle une société militarisée de clans familiaux féodaux. Ce ne fut toutefois pas la caste des bushis qui sortit triomphante de cette modernisation accélérée mais bien le pouvoir impérial jusque là resté symbolique. L'empereur Meiji sut en effet rapidement s'imposer comme le grand rénovateur et modernisateur du Japon séculaire. Ce fut le début de l'Ère Meiji. Le Japon avait par ailleurs l'avantage d'être d'emblée mis au contact de la technologie militaire la plus moderne de l'époque : le fusil à verrou, le canon en acier puis la mitrailleuse (qui en Occident même faisaient parfois l'objet d'un certain scepticisme dans les milieux militaires).
Les officiers japonais furent formés dès la naissance de l'Armée impériale par des officiers européens (américains d'abord, puis britanniques, allemands et français). La doctrine traditionnelle du Bushido, fut peu à peu réintégrée à partir de la fin du 19ème siècle et réinterprétée au cours de l'ère Shōwa pour justifier les excès des troupes auprès des prisonniers de guerre et des populations conquises. Le Tennō, traduit en Occident Empereur, devint à compter de la restauration Meiji le commandant suprême de l'armée et de la marine. L'empereur n'est pas un autocrate de droit divin : en vertu du Kokka shinto, il est perçu comme un dieu incarné (arahitogami).
La Première Guerre mondiale - le parent pauvre du Traité de Versailles
En 1914, le Japon se joignit aux Alliés dans l’intention de tirer avantage de la guerre mondiale pour poursuivre son développement industriel et économique.
Bien que fort modeste, la participation japonaise au conflit ne se limita pas à une adhésion pro forma à l'alliance contre les empires centraux :
Prise de Tsingtao.
Chasse aux corsaires allemands dans le Pacifique.
Fourniture d'équipement et d'armement à la Russie tsariste.
Envoi de vaisseaux en Méditerranée.
Aux traités de 1919, le Japon obtint la cession des colonies allemandes du Pacifique (îles Carolines, Mariannes et Marshall). En revanche, son intervention en Sibérie à la faveur de la guerre civile russe resta sans lendemain. Auparavant, le 21 janvier 1915, le Pays du Soleil Levant présenta à la Chine ses Vingt et une demandes, véritable programme de protectorat. Mais la conférence de Washington (1920-1921) contraignit le petit Poucet à modérer ses prétentions. Attitude hautaine des Puissances Occidentales et reculade gouvernementale fort mal perçues par les milieux nationalistes, en particulier le parti des jeunes officiers, ce qui aura de graves conséquences dans les années suivantes.
L'entre-deux-guerres
La mécanisation de l'Armée impériale
Chars britanniques Whippet Mk A en service dans l’armée nipponne. Naissance de l’armée blindée.
Après la Première Guerre mondiale, le Japon reçut de ses Alliés (France et Royaume-Uni) quelques tanks qui furent étudiés et testés. L'infanterie était la reine du champ de bataille dans la doctrine militaire japonaise mais, fidèles à l'esprit progressiste de l'Ère Meiji, le Grand état major japonais envisagea dès l'abord le développement d'une arme blindée nationale et d'une industrie lourde d'armement pour des productions exclusivement indigènes.
Dans les années 1920, cette idée fit d'autant plus facilement son chemin que les planificateurs des projets militaires ne trouvèrent finalement pas le matériel souhaité sur le marché international de l'armement. Le programme démarra donc avec le développement du Tank Expérimental N°1 Type 2587 un char lourd resté sans lendemain mais qui cependant permit aux Mitsubishi Heavy Industries de se lancer dans la production de ce type de matériel.
L'incident de Sainan en 1928 attira l'attention de l'État-major impérial sur l'intérêt de se doter également d'automitrailleuses de reconnaissance, plus flexibles et mobiles que le tank.
Le rôle de l'Armée impériale dans la politique interne et externe du Japon
L’empereur Showa chevauchant Sirayuki lors d’une inspection d’un régiment de l’Armée impériale en août 1938.
Le jeune empereur Shōwa, qui assurait la régence depuis 1921, accède au trône impérial en 1926. Au cours des années suivantes, tandis que l’économie se développe à grande vitesse, deux forces vont peser sur la géopolitique japonaise. Les clans financiers zaibatsu actifs en Corée et la jeune génération des officiers qui font un peu figure de Jeunes Turcs nippons.
Hostiles au parlementarisme comme au capitalisme, les jeunes officiers de la Kōdōha se font les champions de la Voie de l’Etat impérial idéologie autoritaire de rassemblement national autour de la personne sacrée de l’empereur. Leur activisme trouve une justification dans la fragilité de l’économie. Avec un Japon pauvre en matière première et travaillant principalement pour l’exportation, celle-ci est à la merci de la fermeture de marchés extérieurs, tant pour ses approvisionnements que pour l'écoulement de sa production. Les conquêtes militaires semblent seules capables de garantir ses débouchés et d’assurer ses ressources vitales en matières premières. Cible toute trouvée de cet impérialisme colonialiste: le continent asiatique c’est à dire la Chine et la Mandchourie, la Corée faisant déjà alors partie de la sphère d'influence japonaise depuis le début du siècle. En pensant de la sorte, ces jeunes patriotes ne font en somme que s'inscrire dans la ligne et la logique de la politique chinoise des puissances occidentales au XIXème siècle.
Pour imposer son point de vue, le clan de jeunes officiers n'hésite pas à recourir à l'assassinat, comme au temps de shogunat. Plusieurs personnalités, notamment les anciens Premiers ministres lnukaï et Saito, sont assassinées entre 1932 et 1936. Les durs reçoivent le soutien de l’armée du Mandchoukouo. La pénétration japonaise s'est en effet poursuivie de façon accélérée en Manchourie. A la suite de l’incident de Moukden (septembre 1931), provoqué par des éléments de l'armée du Kwuangtung, l'Armée nippone avait ouvertement occupé le pays devenu en 1932 l'empire fantoche du Mandchoukouo, soumis à une colonisation militaire intense avec l'approbation de l'empereur Puyi. A la suite de ces évènements, le Japon avait d'ailleurs quitté la SDN en mars 1933. La faction ultra de l'armée impériale se retrouvait ainsi avoir les mains libres. L'année suivante, le Japon dénonçait les accords de Washington de 1922 qui limitaient ses armements et sa puissance navale. Après l'avènement d'Adolf Hitler en Allemagne, une nouvelle étape est franchie avec le rapprochement du Troisième Reich et la signature avec l’Allemagne et l'Italie fasciste du pacte antikomintern en novembre 1936. Assez curieusement, au nom de ce Pacte, ces deux puissances avaient fourni du matériel militaire au Kuomintang, matériel que l'armée japonaise capturera lors de l'agression contre la République chinoise.
Le même esprit spartiate que l'écrivain Yukio Mishima tentera une nouvelle fois de restaurer après la guerre tendit alors à se répandre au Japon même, sous l’influence des jeunes turcs. En dépit de difficultés de coordination entre les divers secteurs de l'économie, celle-ci se mobilisa pour la guerre. Le léger boom économique qui en résultat ne fit que rendre la position des extrémistes plus populaire dans le petit peuple tout en inquiétant de plus en plus les milieux politiques plus modérés. Le Prince Konoye, premier ministre se fit lui-même l'avocat de leur cause auprès du Trône.
À la suite d’une série d’opérations menées depuis la Mandchourie, le Japon entre en conflit ouvert avec la Chine en juillet 1937. L’armée nippone occupe Pékin, Nankin et les régions côtières. Cette action et surtout les atrocités qui l'accompagnent provoquent de façon irrémédiable l’hostilité des Etats-Unis qui considèrent la Chine comme leur chasse gardée.
Soucieux de ne pas être pris à revers par la Russie Soviétique, les Japonais ménagent cependant l’URSS, malgré son adhésion au Pacte, ses visées s’orientant plutôt vers les ressources du Sud-Est asiatique : Le caoutchouc de l’Indochine française et le pétrole des Indes néerlandaises.
Après la défaite française de juin 1940, son armée occupe des bases au Tonkin tout en respectant les apparences de la souveraineté française et au prétexte d'aider le Régime de Vichy balbutiant à faire face aux menaces anglo-saxonnes. Cette intervention provoque la décision du président F D. Roosevelt d’asphyxier l’économie japonaise et de mettre l’embargo sur ses fournitures en pétrole. Dès ce moment, une confrontation directe avec les Etats-Unis devient de plus en plus à l'ordre du jour. En octobre 1941, le remplacement du Premier ministre, le prince Konoye, par le général Hideki Tōjō, marquant ainsi l'accession de l'Armée impériale au pouvoir, précipite l'entrée en guerre contre les Anglo-saxons malgré l'opposition de la Marine et de l'Amiral Yamamoto, le planificateur réticent de l'attaque contre Pearl Harbour.
La Seconde Guerre mondiale
Le cabinet Konoye avec, au second plan, le général Tojo, Ministre de la Guerre, qui lui succédera à ce poste et précipitera le Japon dans la guerre.
En 1941, la situation exposée de l'Asie suite à la défaite ou aux difficultés des Alliés (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas, principales puissances coloniales dans la région) en Europe, l'offensive allemande contre l'ours soviétique (Barbarossa) qui va détourner l'attention de celui-ci vers son front européen et la pression constante des États-Unis vont amener un Japon militarisé à prendre l’initiative dans le Pacifique.
En juillet 1945, la force japonaise dispose de 4 625 000 hommes sous les drapeaux répartit comme suit:
35 % au Japon
25 % en Chine (hors Manchourie), Indochine, Birmanie
19 % en Mandchourie et Corée
15 % dans le Pacifique Est
3 % dans le Pacifique Centre
2 % dans le Pacifique Ouest
L'après-guerre
Jugement des criminels de guerre japonais
Le Massacre de Nankin 1937 : L'Ordre du commandement du quartier général des régiments : tous les prisonniers de guerre doivent être exécutés État major de l’armée japonaise à Nankin, 13 décembre 1937.
Le général Iwane Matsui
En décembre 1937, sur les écrans de toutes les salles de cinéma du Japon, les actualités projetaient les images dithyrambiques de la prise de Nankin. On y voyait l’armée japonaise triomphante du général Matsui entrer dans ce qui était alors la capitale de la Chine. Mais on n’y voyait pas les cadavres des 7 000 soldats chinois exécutés le jour même sur ordre du commandement nippon. Ignorant toutes les lois de la guerre, le général Matsui n’avait pas voulu s’embarrasser de prisonniers. C’était le début d’un carnage qui allait durer deux mois, le massacre le plus meurtrier d’une guerre qui pendant huit ans allait voir encore bien d'autres atrocités. Passé en conseil de guerre à Nanjing (Nankin), l'auteur principal du massacre de Nanjing, Tani Toshio, fut condamné à mort et exécuté le 24 avril 1947. Le génocide des prisonniers de guerre occidentaux.
Entrée du général Matsui Iwane dans Nankin en décembre 1937.
En Mandchourie, à partir de 1931, une unité spéciale des troupes japonaises met sur pied un centre d’expérimentation sur l’utilisation militaire de l’arme bactériologique. Dans le plus grand secret, deux ans plus tard, une équipe dirigée par le médecin Shiro Ishii commence à utiliser des cobayes humains pour des expériences. Le secret a été gardé pendant longtemps, y compris par les Etats-Unis. Au total, entre 1933 et 1945, 3 000 personnes environ sont mortes dans ce laboratoire de l’horreur, nommé «unité 731.
L'Unité 731 expérimentation sur les chinois
Les séquelles de la guerre
Les nationalismes asiatiques
Pendant le conflit, le militarisme expansionniste japonais, triomphant et raciste, va faire exploser les empires coloniaux européens. On peut sans aucun doute dire que les insolentes victoires japonaises de 1941-1942 ont définitivement sapé l'autorité et le prestige de l'Occidental en Asie et qu'elles joueront le rôle de catalyseur des nationalismes asiatiques.
Corée : l'héritage colonial : les femmes de consolation pour les armées japonaises
Une jeune chinoise venant d'un centre de réconfort, attend dans un camp à Rangoon d'être interrogée.
Plus de 200 000 femmes asiatiques dont la plupart venues de Corée, et également de Chine, de Formose et des pays d'Asie du Sud furent enrôlées comme femmes de consolation terme faussement pudique pour désigner des prostituées serviles pour les militaires japonais pendant la guerre. Ce fait fut pudiquement passé sous silence pendant des décennies qui suivirent.
Il fallut attendre la publication d'un manga coréen en 2006 pour que cette page honteuse de l'histoire de l'armée impériale ne soit connue du grand public, en particulier en Occident. Le jeudi 30 novembre 2008, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a officiellement demandé au gouvernement japonais de rétablir la dignité des victimes du système d'esclavage sexuel utilisé par l'armée japonaise après avoir adressé au gouvernement japonais ses observations finales et ses recommandations.
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