BATAILLE DE LA MER DE JAVA
Date 27 février 1942
Lieu mer de Java
Issue victoire japonaise
Belligérants
Pays-Bas Empire du Japon
Royaume-Uni
Australie
États-Unis
Forces en présence
2 croiseurs lourds 2 croiseurs lourds
3 croiseurs légers 2 croiseurs légers
9 destroyers 14 destroyers, 10 transports de troupes
Pertes
2 croiseurs coulés 1 destroyer abîmé
2 destroyers coulés
2 300 marins tués
La bataille de la mer de Java a été une des principales batailles navales de la campagne du Pacifique lors de la seconde Guerre mondiale. Les marines alliées subirent une cuisante défaite de la part de la marine impériale japonaise, le 27 février 1942, et dans les actions secondaires qui s'ensuivirent pendant plusieurs jours. Le commandant des forces américano-britannico-néerlando-australiennes (ABDA), l'amiral Karel Doorman y fut tué. Les jours qui suivirent, plusieurs batailles plus petites eurent lieu autour de Java, comme la plus petite, mais néanmoins importante bataille du détroit de la Sonde. Ce fut le plus grand engagement de surface depuis la bataille du Jutland pendant la première Guerre mondiale.
L'invasion des Indes orientales néerlandaises par les Japonais avait commencé à la mi-décembre 1941 et progressait à un rythme plus rapide que prévu. Au fur et à mesure que les campagnes de Malaisie et des Philippines avançaient pour les Japonais, de plus en plus de leurs unités étaient disponibles pour participer à l'agression et à l'isolement éventuel de Java. Aussi, après s'être emparés de bases dans l'est de Bornéo et au nord des Célèbes, des convois de troupes, protégés par des destroyers et des croiseurs avec un appui aérien fourni par des essaims d'avions de combats opérant à partir de bases prises aux alliés, fonçaient vers le sud par le détroit de Makassar vers la mer des Moluques. Pour s'opposer à ces forces d'invasion, les Alliés avaient créé au début de janvier 1942, un commandement unifié en Asie du Sud, connu sous le nom d'ABDACOM, dans le but de protéger la barrière de la Malaisie. Les Alliés avaient une flotte commandée par l'amiral Thomas Hart et composée principalement d'anciens navires de guerre américains et hollandais, avec de nombreux marins ayant déjà faits la première Guerre mondiale. Le vice-amiral néerlandais Conrad Helfrich croyait être capable de vaincre les Japonais en mer et sur son insistance, le 23 janvier, Hart envoya un groupe de quatre destroyers US attaquer un convoi japonais dans le détroit de Makassar, alors qu'il s'approchait de Balikpapan sur l'île de Bornéo. Les destroyers furent en mesure de couler trois navires de transports ennemis. Le 13 février, les Alliés tentèrent en vain, lors de la bataille de Palembang, d'empêcher les Japonais de s'emparer d'un important port pétrolier dans l'est de Sumatra. Malgré cette défaite alliée, Helfrich fut persuadé que son point de vue était le bon sur sa position.
Combat aérien su la mer de Java
Vers la mi-février, le commandant en chef de l'ABDACOM, le général britannique Archibald Wavell informa le premier ministre britannique, Sir Winston Churchill que la défense de Java était une cause perdue. Bornéo, Sulawesi, Ambon et Bali étaient sous contrôle japonais. À Sumatra et au Timor, la guerre faisait encore rage mais on s'attendait à un résultat défavorable à la cause des Alliés. Après le départ de l'amiral Hart et du général Wavell, le commandement des troupes au sol et en mer fut confié aux Pays-Bas. Le 12 février, le vice-amiral Helfrich prit le commandement de sa flotte et, en outre, reçut plusieurs navires américains, britanniques et australiens en renfort.
La nuit du 19 au 20 février, des troupes alliées attaquèrent le groupe oriental d'invasion au large de Bali lors de la bataille du détroit de Badung. Le 19 février également, les Japonais de la première force aéronavale, commandée par l'amiral Nagumo, attaqua et détruisit le port de Darwin dans le nord de l'Australie ce qui le rendit inutilisable comme source d'approvisionnement et base navale d'appui pour des opérations dans les Indes orientales.
Peu de temps avant la bataille, les chances ne paraissaient pas bonnes pour les forces alliées. Elles étaient désunies (navires venant de quatre marines distinctes) et démoralisées par les attaques aériennes incessantes et le sentiment général de la toute puissance japonaise. En outre, la coordination entre les marines et les forces aériennes alliées était mauvaise.
Bataille aérienne au-dessus de la Task Force 58 le 19 juin 1944.
La bataille
Les forces amphibies japonaises s'étaient rassemblées pour combattre et, le 27 février 1942, la flotte alliée commandée par Doorman, patrouillait au nord de Surabaya pour intercepter un convoi japonais qui s'approchait du détroit de Makassar. La force ABDA se composait de deux croiseurs lourds (le HMS Exeter et l'USS Houston), de trois croiseurs légers (le HNLMS De Ruyter (navire amiral), le HNLMS Java et le HMAS Perth) et de neuf destroyers (HMS Electra, HMS Encounter, HMS Jupiter, HNLMS Kortenaer, HNLMS Witte de With, USS Alden, USS John D. Edwards, USS John D. Ford et USS Paul Jones).
Le convoi japonais était escorté par deux croiseurs lourds (Nachi et Haguro), deux croiseurs légers (Naka et Jintsu) et quatorze destroyers (Yudachi, Samidare, Murasame, Harusame, Minegumo, Asagumo, Yukikaze, Tokitsukaze, Amatsukaze, Hatsukaze, Yamakaze, Kawakaze, Sazanami et Ushio) sous le commandement du contre-amiral Shoji Nishimura. Les croiseurs lourds japonais étaient beaucoup plus puissants que les croiseurs alliés, armés chacun de dix canons de 8 pouces (203 mm) et de lance-torpilles. Par comparaison, l'Exeter était armé seulement de six canons de 8 pouces. Même si le Houston, possédait neuf canons de 8 pouces, seuls six étaient encore utilisables après que sa tourelle arrière ait été détruite lors d'une attaque aérienne antérieure.
Les forces alliées engagèrent le combat dans la mer de Java et la bataille fit rage par intermittence du milieu de l'après-midi à minuit alors que les Alliés essayaient d'atteindre et d'attaquer les navires de transports de troupe de la flotte japonaise mais ils furent repoussés par la puissance de feu supérieure de l'escorte ennemie. Les Alliés eurent localement la supériorité aérienne pendant les heures du jour parce que les forces aériennes japonaises ne pouvaient attaquer la flotte alliée par mauvais temps. Les conditions météorologiques entravaient également les communications, rendant la coopération entre les nombreuses unités alliées difficiles - tant pour la reconnaissance que la couverture aérienne et la position de la flotte - empirant au cours du temps. Les Japonais avaient aussi brouillé les fréquences radio. L'Exeter était le seul navire équipé d'un radar, une technologie émergente à l'époque.
Un avion japonais abattu alors qu’il attaquait l’USS Kitkun Bay
Pendant sept heures, la flotte alliée commandée par Dorman essaya à plusieurs reprises de rejoindre et attaquer le convoi d'invasion; chaque tentative fut repoussée par l'escorte japonaise avec de lourdes pertes pour les Alliés.
Les flottes s'aperçurent l'une l'autre vers 16h00 le 27 février et arrivées à portée de tir, ouvrirent le feu à 16h 16. Les deux parties eurent peu de succès dans leurs tirs au cours de cette phase de la bataille. Le seul tir notable le fut sur l'Exeter qui eut sa chaufferie gravement endommagée par un obus de 8 pouces. Le navire se dirigea tant bien que mal vers Surabaya, escorté par le Witte de With. Les Japonais lancèrent deux salves de 92 énormes torpilles qui ne touchèrent que le Kortenaer. Il fut frappé par une torpille Type 93 qui le brisa en deux et le coula rapidement. L'Electra, couvrant l'Exeter, engagea le combat contre le Jintsu et l'Asagumo, réussissant plusieurs frappes, mais il subit lui-même de graves dommages dans sa superstructure. Après un important début d'incendie et à court de munitions, l'équipage reçut l'ordre d'abandonner le navire. Du côté japonais, seul l'Asagumo fut contraint de se retirer à cause des dommages subis.
Une bombe japonaise explose près du USS Bunker Hill le 19 juin 1944.
La flotte alliée rompit le combat et s'éloigna vers 18h00, cachée par un écran de fumée fourni par les 4 destroyers US de la division 58. Ils lancèrent également une torpille mais à un trop long distance pour qu'elle soit efficace. Les navires se dirigèrent d'abord vers Java au sud, puis à l'ouest puis au nord à la nuit tombée pour tenter d'échapper à l'escorte japonaise et tomber directement sur le convoi. Ce fut à ce moment là que les navires de la division 58, leurs torpilles épuisées, revinrent de leur propre initiative à Surabaya.
Peu de temps après, à 21h 25, le Jupiter heurta une mine et fut coulé, tandis qu'environ 20 minutes plus tard, la flotte passa à l'endroit où le Kortenaer avait sombré un peu plus tôt, et l'Encounter fut chargé de repêcher les survivants. La flotte de Doorman, désormais réduite à 4 croiseurs, rencontra à nouveau l'escorte japonaise à 23h 00; les deux colonnes échangèrent dans l'obscurité des tirs à longue portée, jusqu'à ce que le De Ruyter et le Java soient coulés par une salve dévastatrice de torpilles. Doorman et la plupart de ses hommes coulèrent avec le De Ruyter et seulement 111 hommes furent sauvés pour les deux navires. Il ne restait plus que les croiseurs Perth et Houston; à courts de carburant et de munitions et, suivant les dernières instructions de Doorman, les deux navires battirent en retraite, arrivant à Tanjung Priok le 28 février. Bien que la flotte alliée n'ait pas détruit la flotte d'invasion japonaise, elle permit aux défenseurs de Java d'avoir un jour de sursis.
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